Samavritti Pranayama


Samavritti Pranayama, comme son nom l'indique expressément, constitue une technique de Pranayama.
Rappelons succinctement que le terme de Pranayama désigne la maitrise du souffle grossier (la respiration) et du souffle subtil (l’énergie). Le Pranayama représente ainsi le 4eme stade de l’Ashtanga Yoga, le Yoga en huit étapes, encore appelé Hatha Yoga classique, exposé par Pantanjali dans les Yoga Sutras. Le Pranayama n’est donc abordé qu’après la mise en œuvre des règles éthiques exposées dans les deux premières phases (Yama et Niyama), et après l’apprentissage des postures (asanas).
Samavritti Pranayama fait partie des techniques de Pranayama de niveau moyen. Sa mise en œuvre exige, en effet, l’assimilation préalable de plusieurs techniques élémentaires. Tout d’abord, le pratiquant doit maitriser la respiration en trois parties avec contraction du ventre ; ensuite, il doit être familiarisé avec la mise en œuvre des rétentions du souffle, tant avec les poumons pleins qu’avec les poumons vides; enfin, il doit parvenir à installer un mudra (geste, en sanskrit) bien spécifique.
Samavritti Pranayama prend donc naturellement sa place dans une séance de Yoga après la mise en œuvre d’Anuloma Villoma.
1. Posture requise
Il convient, comme pour toutes les pratiques de Pranayama, de s’installer dans une posture méditative confortable. On veillera tout particulièrement à ce que la colonne vertébrale demeure constamment droite, y compris dans la région cervicale. Pour cela, on veillera à bien repousser le menton en arrière.
2. Asvini Mudra
Samavritti Pranayama nécessite l’installation d’Asvini mudra. Comme tous les mudras, Asvini mudra a pour but d’activer l’énergie et de lui donner une orientation particulière.
Asvini Mudra (le geste de la jument, en sanskrit) porte un tel nom en raison de la façon dont la jument évacue son crottin : elle procède, à la fin, à une succession de contractions et de dilatations du sphincter anal.
Par référence à cette façon de faire, les Yogis dans Asvini Mudra contractent d’abord le sphincter anal, le tire vigoureusement vers le haut, puis le dilatent, et cela plusieurs fois d’affilée.
Dans Samavritti Pranayama, Asvini Mudra est mis en œuvre lors de chaque rétention de souffle, tant à poumons pleins qu’à poumons vides.
3. Descriptif d’un cycle :
          . Inspirez en comptant mentalement 4 temps. L’inspiration s’effectue en trois parties avec maintien de la sangle abdominale.
          . Rétention du souffle avec les poumons pleins durant quatre temps. Installer immédiatement Asvini mudra, 4 fois de suite.
          . Expirez durant quatre temps. Le sphincter anal est relaxé.
          . Rétention du souffle avec les poumons vides durant quatre temps. Installer immédiatement Asvini mudra, 4 fois de suite.
On pourra au départ se familiariser avec la pratique en utilisant le rythme suivant : 4 secondes - 4 secondes - 4 secondes - 4 secondes ; puis on pourra passer à 8 secondes - 8 secondes - 8 secondes - 8 secondes - 8 secondes.
Dans la mesure où la rétention du souffle avec les poumons pleins ne dépasse pas 10 secondes, il n’est pas nécessaire d’installer Jalandhara bandha, ce qui facilitera la mise en œuvre de cette technique.
Afin d’assurer une totale sécurité lors de la réalisation de cet exercice, on rappellera un principe fondamental : les rétentions de souffle ne doivent jamais être forcées et doivent constamment demeurer agréables.
4. Justification d’Asvini mudra
Il devient maintenant plus facile de faire comprendre la nécessité de mettre en œuvre Asvini mudra. Deux raisons, l’une physiologique, l’autre énergétique, expliquent cela.
Dans Samavritti Pranayama la respiration s’effectue, comme dans les autres pratiques de Pranayama, avec maintien de la sangle abdominale sous le nombril. Cette contraction musculaire, combinée à l’abaissement du dôme du diaphragme lors de l’inspiration amène une pression intense dans la cavité abdominale. Cette pression, devenue particulièrement importante lors de la rétention du souffle à poumons pleins, s’exerce mécaniquement vers le bas. Pour prévenir toute descente d’organe il est alors nécessaire d’installer un dispositif de sécurité. Asvini mudra, la contraction anale, joue un tel rôle.
D’un point de vue énergétique, Asvini Mudra assure une fonction comparable à celle d’un transformateur électrique. L’utilisation d’un tel équipement est nécessaire quand vous achetez un train électrique à votre enfant : il faut alors convertir le courant de 220 volts qui sort de la prise électrique murale en un courant de 12 volts adapté au jouet de votre enfant. De façon similaire, la grande quantité de Prana qui est canalisé à l’occasion de Samavritti Pranayama exige une réduction de l’intensité de ce courant afin que l’intégrité des structures énergétiques et physiologiques qui composent notre organisme soit préservée.
6. Les effets positifs
Les bienfaits de Samavritti Pranayama sont à la fois physiologiques et énergétiques.
Les effets physiologiques sont nombreux. Samavritti Pranayama soulage la constipation, évite l’apparition d’hémorroïdes, ainsi que le développement de l’incontinence. Enfin, il favorise l’accouchement de la femme enceinte.
L’effet énergétique de Samavritti Pranayama est puissant. Il découle directement de l’installation d’Asvini mudra. Dans la mesure où le sphincter anal se trouve contracté, on pourrait croire que l’action de Samavritti Pranayama se limite à la stimulation du premier centre d’énergie, Muladhara chakra, situé à la base de la colonne vertébrale. Or, il n’en est rien. En réalité, ce Pranayama régénère tous les centres énergétiques du corps subtil. Il en résulte une revitalisation de tout l’organisme et l’installation d’un état mental particulièrement paisible et épanoui, source de bien-être, mais aussi d’épanouissement spirituel.

5. Mise en œuvre


Pour faciliter la mise en œuvre de Samavritti Pranayama, il est utile de procéder par étapes :
. Tout d’abord, installer la respiration en trois parties avec maintien de la sangle abdominale. On veille à stabiliser l'esprit. Pratiquer deux cycles respiratoires.
. ensuite, installer les rétentions de souffle avec les poumons pleins et les poumons vides. On veillera à bien respecter l'égale durée de chaque phase : inspiration - rétention à plein - expiration - rétention à vide. Pratiquer deux cycles respiratoires.
. enfin, installer Asvini Mudra. Pratiquer deux cycles respiratoires.
Lorsque cette phase d’apprentissage est maitrisée, il est possible de mettre en œuvre directement Samavritti Pranayama sans passer par la décomposition en trois phases que nous venons de recommander.

Huit cycles de Samavritti Pranayama  seront excellents pour une séance quotidienne.
Conclusion
Samavritti Pranayama constitue donc une technique fondamentale qu’on pourra avec grand profit mettre en œuvre tous les jours. Passés les tâtonnements inévitables des premiers moments elle deviendra, sans doute, l’une de vos pratiques de prédilection.
Christian Ledain