SARVANGASANA

Sarvangasana fait partie d’un ensemble de postures fondamentales : les postures inversées, appelées en sanskrit viparītakaraṇāsana. Dans ce type de postures, la tête se trouve placée en bas et les pieds sont dirigés vers le ciel.
Comme pour toute posture, la compréhension de son nom est essentielle et donne de précieuses indications.

1. LA POSTURE DU CORPS TOUT ENTIER
Les Occidentaux appellent souvent sarvangasana « la chandelle ». Cette adaptation imagée semble claire en apparence. La posture proposerait ainsi d’atteindre un résultat : redresser le corps pour le mettre parfaitement droit.
En réalité, cette expression est doublement trompeuse. Tout d’abord, elle met l’accent sur l’apparence, la forme extérieure. Or, on constate que bien souvent cette verticalité parfaite n’est pas facilement accessible. Il en résulte que les personnes qui ne parviennent pas à se dresser telle une bougie croient échouer, se dévalorisent et renoncent finalement à prendre cette attitude; ou bien, les personnes s'attachent mentalement à la posture, cherchent, coûte que coûte, à parvenir à cette verticalité, créant ainsi un stress néfaste. Dans les deux cas de figure, ces personnes survalorisent l’apparence physique, se malmènent et se créent d'inutiles problèmes, ce qui est précisément l'objectif opposé à la pratique du Yoga.
L’autre inconvénient du nom « chandelle », c’est qu’il conduit à se concentrer sur ce qui est accessoire au lieu de se focaliser sur l’essentiel. Le propre d’une bougie est d’éclairer. Ainsi, la métaphore de la chandelle, conduit à se focaliser sur la flamme figurée ici par les pieds, en délaissant le bougeoir, reprsenté ici par les épaules et les coudes. Or, cette approche est totalement erronée. En effet, dans sarvangasana il est essentiel de veiller au placement correct des épaules et non de se concentrer sur les pointes de pieds.
Ce sont les raisons pour lesquelles nous préférons de beaucoup le titre original de la posture à son sobriquet français.


Sarvangasana signifie, en sanskrit, posture (asana) qui mobilise le corps (anga) en totalité (sarva). On peut ainsi la traduire de façon littérale : « posture du corps entier ». Et, comme nous le verrons, cette dénomination se justifie pleinement, compte tenu des multiples bienfaits de cette posture qui concernent l'ensemble du corps.




2. LES DIFFERENTES PHASES
Dans cette posture, comme dans tant d’autres, il est possible de s’arrêter à différents niveaux de mobilisation corporelle, différents niveaux de difficulté physique. En soi, cette difficulté physique n’apporte rien, et ce serait s’illusionner que de croire que « plus c’est dur, mieux c’est » ! La seule chose qui compte est l’expérience que l’on effectue et ce, quelle que soit l’attitude dans laquelle on se trouve. C’est un peu comme une personne qui monterait à la tour Eiffel pour y admirer le panorama. Elle pourrait embrasser du regard différentes choses, à des hauteurs variables, et avoir ainsi plusieurs points de vue sur ce qui l’entoure. Monter au sommet ne lui procurerait nullement une expérience supérieure à celle qu’elle pourrait effectuer du premier étage. Cette expérience serait simplement différente; peut-être d'ailleurs que le dernier étage serait enveloppé d’une telle brume, qu’il serait totalement impossible d'y rien voir du tout !
Nous allons ainsi examiner les différentes étapes par lesquelles il est possible de passer. Nous avancerons ainsi progressivement en soulignant les principes fondamentaux qu’il importe de respecter.


. la posture de départ La personne est allongée sur le dos, les pieds joints, les bras tendus le long du corps, les paumes en contact avec le sol. La personne prend un appui ferme sur ses bras, tout l’arrière du corps plaqué au sol.
Prenant appui sur le bras et mobilisant sa musculature abdominale, elle plie les genoux et soulève le bassin.


. le soulèvement du bassin
Pour certaines personnes, il n'est toujours facile de parvenir d'emblée à placer les genoux sur le front. Il peut alors être nécessaire de s’aider en effectuant quelques mouvements de « rocking chair », c’est-à-dire en installant un balancement du corps d’avant en arrière. Ce mouvement est très simple, et nous le connaissons tous, car il repose sur le même principe que le mouvement de la balançoire : on tend les jambes par-dessus la tête, puis on regroupe le corps en pliant les genoux et en ramenant les talons vers les fessiers. Ce que vous saviez faire enfant, votre corps ne l’a pas oublié ! Et vous constaterez que ce déplacement d'avant en arrière aide considérablement votre bassin à se soulever.

Si toutefois ces mouvements de balancelle n'étaient pas suffisants, si la personne ne parvient toujours pas à soulever le bassin, c'est que les muscles abdominaux sont insuffisamment étoffés et manquent de tonicité. C’est une situation fréquente chez les personnes sédentaires et il ne faut pas s’en inquiéter. Il conviendra alors de pratiquer Pavanamuktasana. Au bout d’une quinzaine de jours, vous disposerez d’une ceinture abdominale solide et vous pourrez soulever le bassin sans difficulté.


. le front sur les genoux


Le front est maintenant posé sur les genoux. Les coudes reposent au sol, rapprochés le plus possible l’un de l’autre, et les mains soutiennent le dos. Les avant-bras et les bras servent ainsi de contreforts : ils soutiennent le dos et lui permettent de se redresser. C'est grâce au placement correct des coudes, rapprochés l’un de l’autre, que le dos va pouvoir se redresser. Alors, pourra ainsi réalisée la seule verticalité qui importe : celle de la colonne vertébrale. C'est à cette condition que la posture engendrera les effets énergétiques puissants qu'elle recèle à l'état potentiel. En outre, on constatera aisément que si la colonne vertébrale parvient à être redressée, les autres étapes de la posture s’enchaineront aisément : les jambes pourront être dépliées facilement et tout le corps sera alors parfaitement droit. Ces résultats ne sont que la conséquence naturelle du placement préalable correct des mains et des coudes.
Le redressement du dos doit ainsi être poursuivi jusqu’à ce qu’il soit totalement vertical. Dans cette situation, le haut du tronc (la fourchette sternale) vient se plaquer contre la base du cou et la comprime. Ce résultat constitue l’élément clef de la posture. Dans cette attitude, les talons sont rapprochés des fessiers pour permettre un redressement plus complet du dos. Cette phase de la posture est fondamentale et il est essentiel de le comprendre. D'excellents bienfaits découlent déjà de cette attitude. En effet, le corps se trouve dès à présent en position inversée. La cavité abdominale est comprimée par les cuisses. La respiration se trouve modifiée : la personne est empêchée de respirer par le haut du buste et se trouve incitée à déployer sa respiration abdominale et thoracique. Une respiration abdominale ample va stimuler le bon fonctionnement des viscères et la digestion en sera facilitée. La musculature dorsale se trouve étirée et le système nerveux se trouve régénéré.


Si on prend conscience des bienfaits qui découlent de cette attitude, il est possible de renoncer facilement à aller plus loin dans la posture, ce qui est parfois nécessaire. En effet, si le menton ne comprime pas la base du cou il est indispensable de s'interdire de poursuivre plus avant. Il importera alors de stabiliser le corps, de maintenir l'esprit paisible, concentré et ouvert à toutes les sensations, émotions et pensées qui affleurent à la conscience, sans s'attacher à elles, ni sans les combattre. Toute précipitation, tout passage prématuré à la phase suivante, ne ferait que créer immanquablement des souffrances physiques et mentales et retarderait d'autant votre progression véritable.


Voici donc les antidotes qu’il faut développer, les deux attitudes mentales qu'il faut cultiver constamment afin de progresser dans la posture : le détachement et la patience. Lorsque vous permettez à votre dos de se redresser lentement, il est important d'être détaché de tout résultat apparent, extérieur. Tendre les jambes ne nous rendra pas plus heureux, cela se saurait ! Alors, acceptons de ne pas tendre les jambes tout de suite. Acceptons de demeurer peut-être là où nous en sommes, les genoux sur le front. Ce n'est certes pas spectaculaire, mais nous ne sommes pas là pour le spectacle ! Notre résultat ne correspond peut-être pas aux attentes que nous avions nourries, aux espérances que notre esprit avait artificiellement crées, mais qu' importent ces créations mentales illusoires ? Il est important de ne pas s'identifier à notre corps, et de ne pas faire non plus de la posture une "affaire personnelle", un enjeu.
Il est essentiel de comprendre que, fondamentalement, ce n'est pas "moi qui prend la posture", mais que c'est simplement ce dos qui accepte de se redresser, ce thorax qui se rapproche de ce menton. Comprendre cela est vraiment libérateur. En effet, par une telle approche intérieure, je ne m'implique pas plus que nécessaire : si je ne déplie pas les jambes, je ne me sens pas blessé dans mon orgueil; inversement, si mon corps accepte se redresser totalement, je ne me sens pas non plus empli d'aise, boursoufflé de vanité. Je développe ainsi une certaine neutralité mentale, un certain détachement, et rien n'est plus précieux. En effet, grâce à cet entrainement intérieur, je permets à mon esprit de sortir de ses conditionnements ordinaires, je ne me sens plus autant impliqué par ce qui arrive à ce corps et j'apprends à mettre une certaine distance entre moi et mes actions. J’apprends à vivre mieux avec mes capacités nécessairement limitées, à être heureux avec ce corps qui n'est finalement qu'un "véhicule" me permettant d'effectuer un certain nombre d'expériences, qui mises bout à bout constituent ma vie.


. Le corps à moitié déplié



Pointez les genoux vers le ciel et essayez d’aligner les cuisses et le tronc verticalement. Si cet alignement n’est pas effectif, c’est que le dos n’est pas suffisamment redressé. Dans ce cas, il est nécessaire de revenir à la phase antérieure qui était plus juste, plus appropriée. Ne vivez pas ce retour comme un échec. Bien au contraire, voyez-y une preuve de sagesse et de responsabilité à votre égard : vous témoignez une attitude protectrice vis-à-vis de vous-même et ceci est infiniment plus précieux que de tendre les jambes.


. le corps redressé complètement



Dans cette phase, les fessiers sont contractés et les deux pieds détendus. Comme le corps est bien redressé, la posture demande peu d’efforts musculaires et peut ainsi être conservée une ou plusieurs minutes, sans aucun esprit de compétition.
La Yogatattva Upanisad préconise de garder la posture 3 heures par jour et précise qu’elle dispense alors de mourir. Dans les premiers temps vous ne vous adonnerez peut–être pas à cette posture avec autant de passion!


Comme à l’occasion de chaque posture, prenez le temps de ressentir tout ce qui se passe en vous. Par exemple, percevez la modification de votre circulation sanguine, le reflux du sang des extrémités des pieds vers la poitrine; ressentez le rafraichissement de vos mollets, qui paraissent devenir plus légers; prenez conscience de l’afflux sanguin au niveau du visage qui se réchauffe et semble augmenter de volume. Lorsque l’esprit perçoit ces modifications, vous vous familiarisez un peu plus avec votre corps, vous l’habitez mieux. Dans le même temps, l’esprit concentré sur ces sensations cesse alors de courir après toutes les pensées qui émergent.

Quand votre corps vous indique que cela suffit, que la posture a suffisamment travaillé en vous, vous prenez en compte votre ressenti et vous redescendez tout doucement.
. Variante les bras le long du corps
Si l’attitude précédente est stable, que votre appui sur la région cervicale est suffisamment ferme, vous pouvez monter les bras le long du corps. Faites-le si vous trouvez que cette attitude est plus confortable pour vous.


. Le retour au sol Tout comme l’installation dans la posture, le retour au sol s’effectue lentement, avec précaution et vigilance : à chaque seconde, l’esprit prend conscience des micromouvements et des sensations transitoires qui se succèdent. La bienveillance et l’attention soutenue constituent, en effet, les deux sources principales des bienfaits qui découlent des postures.
Ce constat vaut pour la pratique du Yoga, mais aussi pour la vie quotidienne : la violence envers soi-même commence lorsqu’on ne prend pas en compte ses sensations, lorsque l’on est sourd aux informations que nous donne notre propre corps. Or, à quoi bon avoir des sens si nous méconnaissons les données qu’ils nous fournissent ?
Il arrive bien souvent que nous ayons reçu le message suivant dans notre éducation : « Oh, mais tu t’écoutes trop ! » Or, précisément, beaucoup de nos difficultés s’estomperaient si nous nous écoutions plus, si nous n’étions pas coupés de nous-même. Cette violence que nous nous infligeons n’est bien évidemment pas grossière : on ne se tape pas dessus avec un bâton ! Il s’agit en fait d’une violence subtile, insidieuse, d’autant plus redoutable que nous ne l’identifions pas comme telle.
On s’attache alors mentalement à la posture. On veut passer en force, quoi qu’il nous en coute, par orgueil, esprit d’obéissance ou de compétition. On se rigidifie et on tient autant que l’on peut. Et quand la souffrance est devenue insupportable, on redescend en catastrophe, comme un avion en perdition. Une fois au sol, on se sent mal, souffrant dans son corps et dans son esprit.
Si, une telle mésaventure vous arrive, faites qu’elle ne survienne pas en vain ! Faites de cette expérience douloureuse une occasion pour intégrer vraiment l’esprit de la pratique !
Voici comment procéder. Imaginons que vous ayez transgressé vos limites. Il est alors possible que vous ressentiez un tiraillement dans le bas du dos, une fois revenu au sol. Ne vous inquiétez pas, cette sensation un peu désagréable est passagère et résulte de l’étirement intense de votre dos. Observez alors simplement cette sensation avec calme : percevez son intensité, sa localisation précise, son évolution, tout cela avec détachement. Prenez conscience de cette gêne, mais ne faites pas corps avec elle, ne vous identifiez pas à elle. Vous n’êtes pas cette gêne.
Quelques secondes plus tard, installez-vous dans la posture pavanamuktasana pendant une minute. Installé sur le dos, fléchissez les genoux et rapprochez-les de votre poitrine par la mobilisation de vos muscles abdominaux. La sensation désagréable s’estompera progressivement.
Prenez pleinement conscience que vous vous êtes fait du mal inutilement, par manque de respect envers vous-même. N’en soyez pas affecté de façon excessive. La meilleure solution serait de prendre la décision, une fois pour toutes, de renoncer à la violence envers vous-même, de choisir de vous écouter, de prendre en compte les messages qui émanent de votre corps. Une telle décision constituera alors une étape essentielle dans votre pratique, et de façon plus générale, dans votre vie personnelle.


3. LES ERREURS A NE SURTOUT PAS COMMETTRE


Sarvangasana est une posture essentielle, mais peut rapidement devenir cause de souffrance si l'on commet certaines erreurs. Dans le schéma ci-dessous vous sont présentées les écueils les plus fréquents qu'il convient d'éviter.




1 la nuque est creusée et le menton ne comprime pas le haut du tronc,


2 le dos n'est pas suffisamment redressé,


3 les fessiers ne sont pas contractés,


4 les orteils sont pointés vers le plafond.


4. LES BIENFAITS DE LA POSTURE
Sarvangasana dispense des bienfaits considérables. Selon la Yogatattva Upanishad « elle préserve [l’adepte] de maintes maladies du corps et de l’esprit ».
Les bénéfices physiologiques qui découlent de cette posture sont notamment les suivants :
. Facilitation de la circulation sanguine. En particulier, le de retour du sang vers le cœur est facilité. Les jambes se trouveront ainsi soulagées, moins lourdes. Cette posture est donc conseillée aux personnes sujettes aux varices, ainsi qu’à celles dont l’activité professionnelle les conduit à piétiner souvent, telles que vendeurs, coiffeuses…
. soulagement des vertèbres lombaires qui n’ont plus à supporter le poids du tronc (lumbago),
. stimulation de tout l’appareil digestif, régulation de la constipation,
. soulagement de certains maux de tête
. aide respiratoire efficace. Grâce à la respiration abdominale qui se trouve favorisée, qui fait de sarvangasana constitue l’une des postures souveraines pour les personnes asthmatiques. Par ailleurs, elle favorise l’expulsion des sécrétions bronchiques quand les poumons ont encombrés et la respiration gênée.
. Stimulation de la glande tyroïde.
Grâce à la compression de la basse du cou, sarvangasana harmonise le fonctionnement de cette glande qui a pour rôle de réguler les secrétions hormonales. Il en résulte notamment que cette posture est particulièrement efficace pour perdre du poids en cas de surcharge pondérale.
. Meilleure oxygénation du cerveau, laquelle facilite l’épanouissement des facultés mentales et le développement de la mémoire



Outre les bienfaits physiologiques importants, sarvangasana a des effets énergétiques très puissants. Du fait de son caractère inversé, cette posture modifie la circulation du Prana dans le corps. Par ailleurs, les pieds reçoivent l'énergie qui émane du ciel et la tête celle qui provient de la terre. Ces bienfaits peuvent être perçus si on demeure suffisamment longtemps dans la posture.


5. LES CONTRE-INDICATIONS
Sarvangasana, même si elle est une posture essentielle, n'est pas la panacée et certaines contre-indications doivent être respectées. Bon nombre d'entre-elles relèvent toutefois du simple bon sens. Aussi n’est-il pas indispensable de s’appesantir dessus. Ainsi, on s’abstiendra de prendre sarvangasana après un repas, la digestion en étant nécessairement perturbée ! De façon identique, est-il sage de s’abstenir de prendre cette posture en cas d’abcès dentaire : vous trouverez sans doute par vous-même que votre place est plus appropriée dans le cabinet d’un dentiste que dans une salle de Yoga !
On déconseillera encore la posture dans les cas suivants :
. hypertension importante,
. pression intraoculaire trop forte (celle-ci pouvant être à l’origine d’un glaucome),
. faiblesse dans la région cervicale (cervicalgie ou arthrose cervicale).
. une malformation accentuée de la colonne vertébrale.
Ne vous inquiétez pas, si vous relevez d'un de ces cas de figure, ces précisions vous seront données par votre médecin. Telle est la raison du certificat médical qui est exigé en cours, ceci afin de pratiquer le Yoga de façon sereine et sécurisée.


CONCLUSION
Sarvangasana est considérée comme l'une des douze postures majeures du Hatha Yoga. Toutefois, il est important de ne pas vouloir absolument prendre cette attitude, si votre corps vous indique que cela n'est pas possible.


La liste des bienfaits que nous avons énumérés n'est pas exhaustive. Aussi, en prenant appui sur une respiration calme et profonde, en stabilisant votre esprit vous découvrirez au fil du temps d'autres bénéfices à cette attitude. Laissez la travailler en vous, recevez avec respect tout ce qui se passe en vous, l'esprit libre : la posture vous enseignera elle même.

les théories traditionnelles indiennes sur la transmigration

Introduction


1) Le champ de notre étude :
Nous ne nous intéresserons ici qu’aux théories. Ceci signifie que nous laisserons de côté les faits qui attestent l’existence de la transmigration, à savoir les témoignages vérifiés, ainsi que le mode de sélection des autorités spirituelles dans le bouddhisme.
Nous parlerons des théories traditionnelles indiennes. En effet c’est dans la pensée indienne que se trouve le plus développé le concept de la transmigration et qui l’a intégré à une conception philosophique plus large sur la place et le devenir de l’être humain. Cette croyance en la réincarnation est présente dans l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme. Toutefois, nous nous contenterons ici de parler des conceptions hindoues et bouddhistes parce qu’elles sont les plus répandues.
Certes, l’Inde n’a pas l’exclusivité de cette croyance en la transmigration. Cette croyance a tout d’abord été partagée par d’autres peuples dans le passé. Ce n’est pas une idée neuve en Europe puisqu’elle y a été très largement diffusée, sous le nom de métempsycose. On la retrouve ainsi chez les Gaulois, en Grèce (écoles orphiques, pythagoriciennes et platoniciennes), ainsi qu’à la Rome. Par ailleurs, de nos jours, elle est très largement répandue en Asie et on la trouve présente en Afrique, ainsi qu’ en Amérique latine.
Nous laisserons aussi de côté les théories qui, telles le spiritualisme ou la théosophie, rapprochent et mêlent différents enseignements traditionnels en minimisant leurs différences. A propos de la critique adressée à ces courants de pensée, on pourra se référer à l’ouvrage de René Guénon, L’erreur spirite, 1952, Editions Traditionnelles.


· réincarnation ou transmigration ?

Le terme de réincarnation est assurément celui qui est le plus largement diffusé. Cependant, si on se réfère à l’étymologie, le mot réincarnation n’est pas approprié pour rendre compte du phénomène décrit. Le terme « transmigration » est beaucoup plus approprié.
« Transmigration » signifie qu’à la mort d’un être vivant, un élément de ce qui constitue cet être migre et reprend naissance dans une nouvelle condition. Cette nouvelle condition peut être une existence corporelle, incarnée (par exemple, un être humain ou un animal) ou une existence non corporelle, non incarnée (par exemple, un esprit, un fantôme).
Le terme « réincarnation » a une signification plus restrictive. Il décrit, en effet, qu’après la mort d’un être celui-ci reprend naissance sous une forme incarnée. Ce terme exclut donc l’existence d’êtres n’ayant pas de corps physique.

2) La transmigration constitue l’une des conceptions sur le devenir post mortem

La transmigration est une façon d’envisager ce qui se passe après la mort, mais il en existe d’autres. Aussi est-il important de resituer la transmigration à l’intérieur du champ des conceptions sur le devenir de l’homme après la vie.
A la mort d’une personne trois possibilités logiques se présentent. Et ces trois possibilités fondent trois systèmes de croyance sur le devenir post-mortem de la personne :
· la mort met fin à la vie et il n’y a rien après elle.
Cette conception est celle du matérialisme. Cette conception de la mort se fonde sur une conception matérialiste de l’être humain. Ainsi, si l’on se réfère à la conception traditionnelle de l’être humain composé de trois parties (corps, psychisme, âme), le matérialisme ne reconnait l’existence que du corps c’est-à-dire ce qui est matériel, il considère la pensée comme une simple sécrétion des neurones et, enfin, l’existence de l’âme est niée. Le corps se décompose au moment de la mort et rien ne survit de l’être qui existait précédemment.
Cette conception est la plus simple, même si psychologiquement elle est difficile à assumer.

· Quelque chose de la personne survit après la mort.
Cette conception est celle qui est transmise par les religions et les traditions spirituelles.


Cette conception pose alors deux questions :
. Quel est ce quelque chose qui survit ?


S’agit-il d’un principe spirituel autonome, que par facilité nous appellerons âme, ou bien s’agit-il du psychisme ? S’agit-il de l’âme et du psychisme ensemble, ou bien s’excluent-ils l’un l’autre ? Si le psychisme transmigre, s’agit du psychisme en totalité (traits de caractère, goûts, aptitudes, capacités intellectuelles, mémoire) ou de certaines de ses composantes seulement ?


. Ce qui survit est-il réengagé dans un processus de vie, tel que décrit dans le phénomène de transmigration, ou bien n’est-il plus réengagé dans une nouvelle existence ?


Il est en effet concevable d’imaginer que l’âme migre dans un lieu non terrestre, tel que le paradis, le purgatoire ou encore l’enfer.
Selon les réponses que l’on donne à ces questions on s’oriente vers telle ou telle tradition spirituelle.
Ainsi les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) considèrent que ce qui survit c’est l’âme. Par ailleurs, elles considèrent que la vie terrestre est unique.
Par contre, les théories traditionnelles indiennes considèrent que ce qui survit est engagé à nouveau dans la vie. Cette conception affirme que ce qui survit reprend renaissance; que le nombre de ces renaissances est infini; que ces renaissances se font sous une forme corporelle ou non corporelle; et ce, jusqu’à la réalisation d’un état de perfection de l’être humain qui marque la fin du cycle des réincarnations.
Si l’hindouisme et le bouddhisme partagent ainsi la même croyance en la transmigration, ils se différencient nettement sur la nature de ce qui transmigre, comme nous le verrons.



3) Dès lors, pour présenter les théories indiennes sur la transmigration, il convient de répondre à un certain nombre de questions :
· Quel est l’état ordinaire des choses ?


· Qu’est ce qui transmigre de A vers B ?


· Quel est le mécanisme, la loi qui régit la transmigration ?


· Dans quelle condition l’être renaît-t-il ?


· Comment mettre fin au processus de renaissance ?



Tels sont les points que nous aborderons successivement.

I l’état ordinaire des choses : le cycle des renaissances
L’Inde a une conception de la vie particulière qui découle de sa conception du temps. Le temps est percu comme un phénomène cyclique. Cette conception du temps se fonde sur l’observation du rythme de la nature, sur l’alternance des saisons : de même que le printemps succède à l’hiver, la vie succède à la mort. Ainsi, la vie et la mort ne sont pas séparées, mais constituent des phases différentes d’un même processus cyclique.
La conception occidentale du temps est linéaire : il y a un début, il y a une fin et, entre ces deux termes, les événements se succèdent.
L’hindouisme et le bouddhisme partagent des conceptions comparables sur l’état des choses.
Le cycle des renaissances et des morts est appelé samsara. Ce terme sanskrit désigne « l’ensemble de ce qui circule ».
Quelles sont les caractéristiques de ce samsara ?
C’est un état insatisfaisant car l’être vivant y expérimente la souffrance. Bien sûr, la souffrance n’est pas la seule expérience que fasse l’être humain : il expérimente aussi la joie, le bonheur, l’amour, la tranquillité, tout un ensemble d’expériences perçues comme positives. Cependant, la souffrance est considérée comme l’expérience la plus marquante.
L’autre caractéristique du samsara c’est qu’il n’a pas de commencement : il n’y a pas un début à la transmigration car il n’y a pas de commencement à l’univers, le temps étant conçu de façon cyclique.
La dernière caractéristique, c’est que cette transmigration peut cependant avoir une fin. L’hindouisme et le bouddhisme proposent des voies de salut qui permettent de mettre fin à ce cycle des transmigrations. Ces voies spirituelles divergent sur la nature de ce qui transmigre et qui doit donc être libéré.

2 ce qui transmigre
L’hindouisme et le bouddhisme s’accordent pour reconnaitre que le corps ne transmigre pas : à la mort, il se décompose.
Maintenant, ils diffèrent sur l’identité de ce qui transmigre.


21 La transmigration de l’atman dans l’hindouisme
Dans l’hindouisme, ce qui transmigre, c’est le principe spirituel appelé atman. L’atman change de support corporel au cours des existences. Ainsi, Krishna enseigne au prince Arjuna, dans la Bhagavad Gîta (II, 22) : « à la façon d’un homme qui a rejeté des vêtements usagés et en prend d’autres, neufs, l’âme incarnée, rejetant son corps usé, voyage dans d’autres qui sont neufs. »
Qu’est-ce que l’atman ? L’atman désigne le Soi individuel qui est de nature identique au Soi absolu, à la transcendance, la divinité appelée le Brahman dans le Vedanta. L’atman est conscience, il est absolu, pur, témoin (non actif), éternel, félicité totale. Ainsi les caractéristiques de l’atman sont-elles celles que l’on attribue habituellement à la divinité, ce qui est logique puisque atman et Brahman sont de même nature.
L’atman constitue la nature fondamentale de l’être humain. Pourtant il n’y a pas autant d’atman qu’il y a d’êtres humains. L’atman est unique et identique dans sa nature au Brahman. A titre de comparaison, dix personnes placées devant dix flaques d’eau verront chacune la lune se refléter dans l’eau. Pourtant, il n’y a pas dix lunes, il n’y en a qu’une seule en réalité.
L’atman, ou Soi individuel, se différencie fondamentalement de l’égo. Cette distinction est celle qui existe entre la nature réelle d’un phénomène et l’image l’on a de ce phénomène, la représentation que l’on s’en fait. L’atman désigne la réalité ultime de l’être, tandis que l’égo est l’image illusoire que l’on a de soi. En d’autres termes, cet égo se prend pour ce qu’il n’est pas. Cette illusion constitue la cause fondamentale de la souffrance qu’expérimente l’être humain. Cette illusion fondamentale est appelée Maya par Shankaracharya.
La Maya constitue une double illusion. D’une part, elle cache le Brahman à l’esprit ordinaire des êtres humains. D’autre part, elle fait prendre le monde matériel, sensible pour le véritable monde.
L’atman transmigre donc selon l’hindouisme. La question se pose alors de savoir s’il est le seul à transmigrer ? Pour le Védanta, le corps subtil (sukshma Sharira), transmigre aussi.
Ce corps subtil contient notamment l’intelligence impersonnelle (Buddhi), le sens de l’individuation (Ahamkara) et le mental (Manas). Il contient aussi les cinq facultés de sensation (Jnanendriya) que sont l’ouïe, le toucher, la vue, le goût et l’odorat, ainsi que les cinq facultés d’action (Karmendriya) : la parole, la préhension, la marche, l’excrétion et la génération.
Le point de vue du bouddhisme sur ce qui transmigre est profondément différent de la conception hindouiste.

22. la transmigration d’un flux de conscience dans le bouddhisme


Le point de vue bouddhiste se présente d'abord comme la réfutation de la conception de l'hindouisme.


. L’absence de Soi
En opposition avec l’hindouisme, le bouddhisme rejette l’existence d’un Soi, c’est-à-dire d’une entité autonome, éternelle, immuable. Cette idée de l’absence d’un Soi est, à ce point, centrale dans le bouddhisme qu’elle sert parfois à le désigner. Le bouddhisme originel est ainsi appelé anatmavada (« doctrine de l’absence de Soi »).
Cette position a parfois conduit certains commentateurs à commettre une erreur importante d’interprétation. Certains ont, en effet, affirmé que le bouddhisme est une doctrine nihiliste parce qu’il rejette l’existence du Soi.
Or, le Bouddha affirme très exactement le contraire. L’enseignement du Bouddha se revendique comme la Voie du Milieu, celle qui écarte les deux extrêmes de la pensée que sont l’éternalisme – qui affirme l’existence d’une forme individuelle sous laquelle un être perdurerait indéfiniment après la mort - et le nihilisme – qui affirme que l’être humain disparaît complétement après la mort.
Sur quoi se fonde cette affirmation ? Cette négation de l’existence du Soi se fonde sur une expérience constamment faite par tout individu : rien de ce qui existe dans l’univers n’est autonome, rien n’existe que par soi, rien n’est séparé d’autre chose ; rien n’est immuable, ni éternel non plus, mais tout au contraire change en permanence. Cette réalité concerne non seulement les phénomènes inanimés (les étoiles, les montagnes, cette table), mais aussi les êtres vivants.

. Le flux de conscience
Le bouddhisme affirme que ce qui transmigre c’est la conscience. Cette conscience n’est pas une entité figée, autonome. Cette conscience est un flux psychique en constante transformation. Le psychisme, comme tout phénomène, est en effet soumis à la loi de l’impermanence : tout change, tout le temps.
La question a été posée de savoir si l’individu qui renait est ou non le même que celui qui vient de mourir. Cette question a été posée au IIe siècle par le roi Ménandre au moine Nagaséna : « Celui qui renaît est-il le même ou un autre ? » demanda Milinda, et Nagasena lui répondit : « Ni le même ni un autre » (cf. Les questions de Milinda, Milindapanha, traduction Louis Finot, edition Dharma, livre II, 17).
Ce n’est pas le même individu car constamment nous changeons : d’un instant à l’autre nous changeons, notre corps, notre esprit changent, même si, d’un instant à l’autre, cette différence est minime.
Cet individu n’est pas radicalement différent du précédent car, comme tout phénomène, le flux de conscience est le résultat de causes et de conditions : le flux de conscience qui s’incarne au moment de la mort est conditionné par le flux de conscience de l’existence précédente.
Un rapprochement couramment effectué qui éclaire bien cette conception, c’est la comparaison du flux de conscience et d’un cours d’eau. L’individu qui meurt et celui qui renait sont comme l’eau d’un fleuve avant et après la frontière d’un Etat : le fleuve s’appelle le Mékong au Cambodge, il s’appelle « le fleuve des neuf dragons » au Vietnam. Il a changé de nom, mais c’est toujours le même fleuve et ce fleuve véhicule une eau toujours changeante (tantôt claire, tantôt boueuse et chargée de limon, tantôt charriant des troncs d’arbres déracinés …).
Ce que le bouddhisme appelle conscience correspond à ce que nous appelons psychisme en Occident.
Ainsi, ce qui transmigre est un ensemble constitué des capacités intellectuelles, de désirs, d’aversions, d’expériences engrangées dans la mémoire (souvenirs), des traits de caractère qui constituent cet ensemble que nous appelons personnalité.
C’est tout le psychisme qui transmigre, y compris les traces laissées par les expériences vécues. Comme ces traces demeurent, il est possible à des individus ordinaires d’avoir une réminiscence d’une expérience vécue dans une vie antérieure. Il est possible à des méditants avancés d’avoir un champ de connaissance plus large sur ces existences antérieures. Enfin, il est écrit dans le Lalitavistara, qu’au moment d’atteindre l’Eveil, le Bouddha s’est remémoré toutes ses vies passées.

. Le processus à l’œuvre au moment de la mort
Quel est le processus qui est à l’œuvre au moment de la mort et qui conduit à la renaissance prochaine ?
Lors du processus de mort, le corps grossier s’effondre au cours de dissolutions successives. Demeure un corps mental léger comme une plume. Ce corps mental est fait de vent et de souffle (Prana). Ce corps continue à entendre et ses perceptions sont beaucoup plus subtiles que les perceptions obtenues par l’entremise d’un corps physique. Des indications peuvent donc être données par une tierce personne (par exemple, un maître spirituel) afin d’accompagner le mourant. Dans cet état, l’esprit est soumis à ses propres projections lesquelles sont comparables aux créations mentales du rêve. Ces visions et les émotions qui les accompagnent sont étroitement liées à l’état d’esprit que la personne a développé durant toute sa vie.
Ainsi le bouddhisme tibétain, dans le Bardo Thödol expose la situation à laquelle se trouve confronté un boucher au moment de sa mort. Ce boucher en causant la mort de nombreux animaux a créé beaucoup de souffrance et a développé en lui l’émotion de haine. Lors de sa propre mort, des images mentales d’un groupe de bouchers en train d’égorger des animaux vont lui apparaître. Comme il est habitué à ce type de comportement, il se sent familier de ces autres personnes et va se rendre vers elles. Mais cette illusion se dissipe. Le boucher est alors envahi par la colère et la haine, qui sont les émotions dominantes qui ont animé son esprit durant sa vie. Alors les enfers s’ouvrent devant lui et il y descend pour un temps.
On voit bien à travers cet exemple que la mort constitue, d’un point vue mental, un processus tout à fait ordinaire : les pensées, émotions, les motivations qui nous ont animées de façon dominante au cours de notre vie, continuent à se manifester au moment de notre mort. Dans l’exemple particulièrement douloureux de ce boucher on perçoit que la personne est tombée dans le piège qu’elle s’était elle-même construit.
On comprend aussi que dans cette conception, il n’y a pas de juge extérieur, tout puissant, qui vienne décider du devenir de chacun. Il n’y a qu’un flux de pensées qui se poursuit tant qu’on l’alimente.
Bien sûr, une personne qui aura développé des comportements généreux, patients, aimants, qui aura cultivé des pensées et des émotions dites positives connaitra une mort bien différente. Des hallucinations se produiront mais leur contenu et les émotions dont elles seront empreintes seront beaucoup plus paisibles. Par ailleurs, si la personne reçoit des conseils spirituels, elle pourra peut-être reconnaître la nature de claire lumière de son esprit. Si tel est le cas, le cycle des renaissances pourra être stoppé. Toutefois, si cette personne ne reconnait pas cette claire lumière, elle sera engagée à nouveau dans un cycle de vie, et sera orientée vers une renaissance favorable, telle que celle d’être humain vivant dans un pays paisible, comme la France.

3 La loi qui régit la transmigration : le karma
L’hindouisme et le bouddhisme s’accordent pour reconnaître que le karma constitue le principe qui régit le processus de transmigration.
· Les caractéristiques générales de la théorie du karma
Rappelons brièvement les données essentielles qui caractérisent la théorie indienne du karma.
Le karma est un terme sanskrit qui désigne à la fois l’acte et la conséquence de cet acte. La loi du karma établit ainsi une relation entre un acte et ses conséquences. La loi du karma est aussi appelée « la loi de cause à effet » : tout acte engendre un certain nombre de conséquences pour celui qui l’accomplit.
Ce principe peut ainsi se formuler : tous nos actes ont une incidence sur nos conditions de vie futures.
La notion d’acte englobe non seulement les actions matérielles, mais aussi les paroles et les pensées.
L’hindouisme et le bouddhisme ont une conception légèrement différente du karma. L’hindouisme adopte une attitude plutôt formaliste. L’hindouisme insiste beaucoup sur le respect scrupuleux des rituels et des prescriptions sociales définies dans le cadre des castes. Ainsi, alors qu’Arjuna est paralysé par l’angoisse, à la perspective de livrer bataille contre des membres de son clan, son cocher, Krishna, lui enseigne qu’il doit accomplir son devoir de caste qui consiste, pour un Kshatriya (guerrier) à livrer bataille; d’ailleurs, lui enseigne-t-il, il ne tuera, en fait personne puisque l’âme est immortelle.
Le bouddhisme met davantage l’accent sur la dimension psychologique et morale du karma. Le bouddhisme considère ainsi que l’élément déterminant de l’acte est l’intention qui l’inspire. Des actes inspirés par l’intention de faire le bien généreront des effets positifs, tandis que des actes motivés par l’intention de nuire engendreront des effets négatifs.
L’acte génère deux types de conséquences : un résultat apparent et le résultat final (svarga)
Le résultat apparent peut se manifester immédiatement ou très rapidement (karma de l’instant), mais ces conséquences immédiates sont complétées, enrichies de conséquences à plus long terme. L’acte, semblable à un fruit, va ainsi mûrir de façon souterraine, invisible et produira son effet final au terme de ce processus de murissement. Ainsi un criminel, pourra à court terme paraitre échapper aux conséquences de ses actes (exemple : ne pas être arrêté et mourir dans son lit), cependant il recevra la rétribution de ses mauvaises actions dans sa vie future.
Le karma possède une force irrésistible. Ainsi, l’acte suit l’homme et le trouve sans erreur « comme le veau trouve sa mère dans un troupeau de mille vaches » (Vishnusmriti). En d’autres termes, l’homme ne saurait échapper aux conséquences de ses actes : si nous oublions nos actes, eux ne nous oublient pas !
Toutefois, les conséquences d’un acte sont toutefois réversibles et le bouddhisme expose la méthode qui permet de s’amender.
Compte tenu de la force irrésistible de l’acte, la théorie de la transmigration apparaît comme une conséquence logique de la théorie du karma. En effet, si la conséquence d’un acte ne se manifeste pas en cette vie, c’est qu’il existe nécessairement des vies ultérieures au cours desquelles le karma précédemment accumulé arrivera à maturité et produira ses effets. Ces deux notion sont donc articulées logiquement en une conception d’ensemble.

· Le mécanisme psychique à l’œuvre dans la théorie du karma

Ce mécanisme a été exposé par la philosophie Samkhya (hindouisme). Ses principes généraux en sont repris par le bouddhisme.

Tous nos actes laissent un dépôt (vasana), une trace dans notre esprit. Nos actes sont en effet, avant tout, des phénomènes mentaux, et ces phénomènes mentaux laissent une empreinte dans notre psychisme, même si on les oublie.

Ces traces donnent naissance à des constructions mentales (samskara, en sanskrit). Ces samskara sont les structures de la personnalité. Selon ces constructions mentales nous sommes préparés à vivre telle ou telle situation de telle ou telle façon.
Ces traces mentales sont emmagasinées dans le mental (manas) et y demeurent, même au-delà de la mort.
La plupart du temps cet engrangement se produit de façon totalement inconsciente. Ainsi, nous construisons jour après jour, acte après acte, nos habitudes de penser et d’agir à l’origine de la souffrance existentielle que nous expérimentons. Toutefois, il nous est possible de développer notre vigilance. En sollicitant ainsi, notre intelligence non duelle (buddhi), nous allons réguler notre activité mentale, sélectionner les expériences positives et rejeter les expériences négatives, et parvenir ainsi à connaître le bonheur.

Ces traces (vasana) et ces constructions mentales (samskara) migrent au moment de la mort. Ces vasana et ces samskara sont engrangés dans l’esprit, que le sanskrit appelle manas (mental). Ce manas constitue (cf. notre article sur la conception de l’être humain selon le Védanta) une composante du corps psychique subtil (sukshma sharira) qui migre au moment de la mort.
Ces vasana et ces samskara sont donc des réalités actives qui vont influer sur les conditions de vie future de l’être. La condition dans laquelle un être reprend naissance (humaine, animale, divine, infernale, etc), la durée de son existence, la forme de son corps, la nature du psychisme (traits de caractère, centres d’intérêt, type d’intelligence, etc.), les conditions de vie (conditions matérielles, niveau d’éducation, mais aussi le type de rencontres que nous effectuons) vont être influencées par ce qui a été déposé dans le mental. Bien sûr, d’autres causes et conditions viendront interagir au cours de l’existence future.
Selon a nature de ces traces et constructions mentales, l’être reprendra donc naissance dans un des différents mondes.



4 Les différents mondes
L’être ne choisit pas la condition dans laquelle il transmigre, et ce à l’exception de maitres spirituels qui font le choix de reprendre naissance sous la forme la plus adaptée pour aider celles et ceux qui sont pris dans les rets du samsara.
Le nombre des formes d’existence est relativement limité et les théories traditionnelles indiennes en font le recensement.
L’hindouisme et le bouddhisme affirment, qu’à sa mort, un être humain peut reprendre naissance sous une forme matérielle, mais peut aussi prendre une forme non corporelle.
Tous les êtres vivants transmigrent donc de façon indéfinie d’une existence à l’autre et peuvent ainsi passer par différentes conditions d’existence. Le bouddhisme en identifie six : être infernal, esprit avide, animal, homme, demi-dieu, divinité.
Comme expliqué précédemment, cette condition dépend du karma qui a été accumulé et donc des tendances dominantes qui animent l’être au moment de sa mort.
Si l’être a été animé essentiellement par la haine, il se réincarnera en Enfers, sous la forme d’un damné. L’expérience qu’il y fait est celle d’une souffrance continuelle.
Si l’être a été animé essentiellement par l’ignorance, il renaîtra dans une condition animale.
Il est ainsi possible d’établir une correspondance entre le karma développé et le monde dans lequel on reprend naissance.
La description d’états infernaux, comme des états paradisiaques, n’est pas l’apanage de l’Inde. La chrétienté en offre aussi des représentations foisonnantes. A cet égard, les tableaux de Jérôme Bosch illustrent avec un luxe de détails la multiplicité des tourments qui peuvent assaillir les âmes damnées.
Ce qui distingue toutefois fondamentalement la pensée indienne, c’est que ces mondes constituent avant tout des états émotionnels, et non des lieux réels, solides, distincts. Par ailleurs, le séjour y est toujours temporaire, puisque tout phénomène est nécessairement impermanent : que l’on renaisse en tant qu’animal, esprit avide ou demi-dieu, cela n’a qu’un temps.
Aussi ne peut-on se satisfaire d’une condition favorable, telle que celle d’être humain, ou de demi-dieu, et est-il nécessaire de s’engager dans une voie de Libération.

5 la fin du cycle des renaissances
L’hindouisme, comme le bouddhisme sont des voies de salut qui se proposent d’atteindre la Libération et de mettre ainsi fin au cycle des renaissances.


. La moksha dans l’hindouisme
Dans le Védanta, l’être est sous l’emprise de la Maya, l’illusion cosmique qui lui fait ignorer la nature du Brahman et lui fait prendre le monde matériel comme la seule réalité.
La Libération (appelée moksha, en sanskrit) sera atteinte par l’accès à la connaissance. Cette connaissance consistera pour la personne à reconnaître l’existence de l’atman, et à comprendre son identité avec le Brahman.
Pour atteindre cette Libération (moksha,) la personne pourra utilement recourir à certaines pratiques : cérémonies rituelles (puja), la dévotion à un dieu (bhakti), et aussi des techniques corporelles et psychiques exposée dans le Yoga.
Dans le courant de pensée le plus influent de l’hindouisme, le Védanta, la délivrance (moksha) résultera d’un accès à la connaissance : l’identité de nature entre l’atman et le Brahman. Pour réaliser cette connaissance les outils de la méditation exposés dans le Yoga seront extrêmement utiles.

. le nirvana dans le bouddhisme
Le nirvana est un terme sanskrit qui signifie "extinction". L’extinction dont il est question est celle de l’ignorance et des poisons mentaux. L’illusion fondamentale qu’il importe de dissiper et d’éradiquer, c’est la croyance à un moi autonome et permanent.
L’exposé de la Voie qui mène à la cessation de la douleur (4e Noble Vérité exposée par le Bouddha dans son sermon de Bénarès) est appelé Noble Octuple sentier. Parmi les méthodes présentées figurent les pratiques méditatives qui visent à apaiser l’esprit et à dissiper l’ignorance au moyen d’un examen approfondi de la réalité des phénomènes. Ces exercices sont inspirés du Yoga.


Conclusion
L’hindouisme et le bouddhisme partagent ainsi la conviction qu’il est possible de transformer l’esprit pour se libérer de la souffrance.
Grâce à la mise en œuvre des exercices enseignés, le pratiquant ne génère plus de karma négatif. Par ailleurs, il accomplit les bonnes actions avec un détachement total. De cette façon, après avoir reçu durant quelques existences en nombre limité, les conséquences de ses actes antérieurs, il atteindra la Libération et pourra cesser de se réincarner.
C’est d’ailleurs ce que je vous souhaite pour bientôt !


BIBLIOGRAPHIE :

Cornu Philippe, Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, éditions du Seuil, Paris, 2001
Cornu Philippe, Traduction, introduction, commentaire « Padmasambhava: Le Livre des morts tibétain », Buchet-Chastel
Esnoul Anne-Marie et Lacombe Olivier, Traduction de, « La Bhagavad Gîta », Points, collection Sagesse
Feuga Pierre et Michael Tara, « Le Yoga », PUF, collection Que Sais-Je
Filliozat Jean « Les philosophies de l’inde », PUF, collection Que Sais-Je
Filliozat Jean et Renou Louis, « L’inde classique », tomes 1 et 2, librairie Maisonneuve
Filliozat Pierre-Sylvain, « le karma », revue Centre Relations Culturelles Franco Indien
Guénon René, « L’homme et son devenir selon le Védanta », Editions Traditionnelles
Renou Louis « L’hindouisme », PUF, collection Que Sais-Je
Ringu Tulkou Rinpoché, « Et si vous m’expliquiez le bouddhisme », collection J’ai Lu
Schnetzler Jean Pierre, « Corps, âme, esprit », Le Mercure Dauphinois
Sogyal Rinpoché, « le livre tibétain de la vie et de la mort », éditions de la table ronde
Swami Sivanada “Védanta for Beginners”, The Divine Life Society, Rishikesh, India

LA PERSONNE HUMAINE SELON LE YOGA –VEDANTA (DEBUT)

Le Yoga représente l'un des Sat Darshana, une des six "vues" sur le monde et l'être humain présentée par l'hindouisme. Bien souvent, le système du Yoga se trouve rapproché d'un autre Darshana, le Védanta. De façon grossière, on peut dire que le Védanta constitue la "théorie", dont le Yoga représenterait la "pratique".


Selon le Védanta, la condition ordinaire de l’être humain est l’ignorance (Avydia). Cette ignorance résulte de l’emprise qu’a sur nous la Maya, l’illusion, ce voile qui nous masque la réalité profonde des phénomènes et de notre propre nature. Bien sûr, le Védanta se propose de lever ce voile et de révéler à l’être humain la réalité profonde et authentique de sa condition. L’élément central de cette théorie est l’affirmation qu’en l’homme existe un principe, nommé atman, que l’on peut traduire par âme. Cet atman individuel a pour caractéristique de posséder une nature identique à celle du Brahman, l’Absolu non personnifié, que l’on peut appeler Dieu.
Tant que la personne est le jouet de l’illusion, l’âme est condamnée à se réincarner et à errer dans le samsara. La dissipation de cette illusion conduira l’âme à la Libération.


Bien sur, nous sommes libres de ne pas adhérer à cette conception hindouiste de l’être humain et de conserver nos convictions philosophiques personnelles. D’ailleurs, les bouddhistes ne se privent pas de réfuter cette théorie de l’atman : ils affirment rechercher l’âme partout dans l’être humain, mais ne la trouvant nulle part, se voient obligés de conclure à son inexistence.


Pour les pratiquants occidentaux du Yoga, cette question de l’existence de l’âme ne doit pas être un obstacle. Mettons la de coté et ne nous empêchons pas de nous émerveiller devant la profondeur et la richesse du Védanta. Car, cette pensée présente des traits de la nature humaine dont chacun de nous peut vérifier la justesse du fait de sa seule expérience. En d’autres termes, toute personne qui pratique le Yoga peut confirmer que certains aspects de la théorie du Védanta sont exacts. Il nous sera dès lors possible d’intégrer ces éléments à nos conceptions personnelles.



11 LA PERSONNE HUMAINE, COMPARABLE A UN OIGNON

Selon le Védanta, la personne humaine peut être comparée à un oignon.
Un oignon comporte différentes couches, différentes enveloppes. Cela semble évident à toute personne qui a déjà passé un peu de temps en cuisine !
Rien de plus simple, donc, en apparence, qu’un oignon. Pourtant, en réalité, rien de plus trompeur !
Prenons l’exemple d’une personne qui découvre un oignon pour la première fois de sa vie : elle retire une épaisseur et croit alors être en contact avec le centre de l’oignon. Mais, grattant un peu, cette personne découvre que ce qu’elle pensait être le centre, ne constitue en réalité qu’une enveloppe, laquelle recèle à son tour quelque chose d’autre en son milieu, qu’elle prend à nouveau pour le centre. Et ainsi de suite, apparaissent successivement les différentes couches de l’oignon, que la personne retire les unes après les autres, jusqu’à ce qu’elle ait enfin atteint le cœur, minuscule en vérité.

Epluchons donc cet oignon, examinons les différentes enveloppes qui constituent l’être humain.



SCHEMA DE LA PERSONNE HUMAINE


La personne humaine comprend cinq enveloppes réparties sur trois corps ( sharira) :

* Le corps dit grossier ( stuhla sharira)


Il constitue le corps physique que nous connaissons bien. Ce corps est composé de sept éléments : le chyle, le sang, la graisse, la chair, l’os, la moelle et la semence. Il est constituée d’une seule couche, l'enveloppe de nutriment (annamaya-kosha).

* le corps subtil, ou fin (sûkshma-sharîra)


Il est composé de trois couches (koshas) :


. 1 l'enveloppe d'énergie vitale (prânamaya-kosha)

C'est le corps imprégné de Prana, d’énergie. Ce Prana, présent dans l’univers, est aussi présent dans l’être humain et s’y trouve spécialisé par fonctions ( cf. les différents Vayus ):
Pranamaya kosha anime le corps et la pensée. Cette enveloppe unit le corps matériel ( stuhla sharira) et le psychisme ( manomaya kosha).

. 2 l’enveloppe mentale ( manomaya kosha)
Cette enveloppe est composée par les pensées et les émotions. Elle correspond à la dimension psychologique de la personne, à ses traits de caractère, sa personnalité. Cette enveloppe intègre la faculté mentale (manas) et permet d’expérimenter les émotions (colère, tristesse, désir). C’est elle qui expérimente l’illusion .
L’enchaînement de l’être humain à sa condition est le résultat de cette activité mentale. En d’autres termes, c’est ce mental (manas) qui s’illusionne et croit à l’apparence trompeuse des phénomènes. En sens inverse, lorsque manas sera libéré de cette illusion, l’ignorance fondamentale de l’être sera alors dissipée et la personne sera libérée du cycle des réincarnations (samsara).

. 3 Vijñânamaya-kosha constitue l’enveloppe de l’intellect. Cette enveloppe correspond à l’exercice de trois facultés : le raisonnement, la discrimination ( c’est à dire la distinction entre ce qui est réel et ce qui est irréel ou illusoire), et la décision.

* Le corps Causal (kârana-sharîra)

Ilest composé d' une seule enveloppe : l'enveloppe de béatitude ou de la félicité (ânandamaya-kosha). Ânanda est la félicité parfaite, la béatitude absolue, la joie spirituelle ineffable. Cette enveloppe permet d’expérimenter la joie suprême, le bonheur sans limitation. Et cette expérience découle de la proximité du corps causal avec la nature ultime de l’être, l’atman. Ainsi, l’être qui parvient à cette expérience se trouve au plus proche du divin présent à l’intérieur de soi, au plus près de l’atman individuel.

Au centre de l’être se trouve l’atman, lequel ne fait pas partie de ces trois corps.
L’atman constitue la présence en la personne humaine du Soi non manifesté. Sa nature est identique à celle de Dieu.

Swami Sivananda définit ainsi la nature de l’âme : l’atman est Shiva ; l’atman est le Brahman ; l’atman est infini ; l’atman est éternel, toujours pur, parfait, toujours libre, sans attachement, témoin, sans changement. L’atman n’est pas le corps physique . L’atman n’est pas non plus le Prana (cf. Swami Sivananda, Vedanta for beginners, page 23 ).

L'atman est présent dans l’être humain. Cependant son existence est masquée par l’ensemble des enveloppes (koshas) qui l’entourent.
L’être humain qui s’identifie à l’une ou l’autre de ces couches baigne, en vérité, dans l’ignorance. Cette méconnaissance revêt différents niveaux de profondeur. Ainsi, l’ignorance la plus grossière consiste à s’identifier au corps physique, à croire que l’être humain se résume à son corps matériel. Un niveau d’ignorance moins marqué consiste à croire que la personne humaine se résume à un corps matériel articulé à un corps subtil. Un niveau d’ignorance encore plus ténu aboutit à assimiler la personne humaine à ses trois corps (matériel, énergétique et causal). Enfin, selon le Védanta, la connaissance parfaite consiste à faire l’expérience de ces trois corps, tout en reconnaissant leur articulation avec l’atman.




Suite à venir...

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LES SOURCES DE PRANA ASSIMILABLES PAR L’ÊTRE HUMAIN

Tout au long de notre existence, en permanence, notre corps dépense du Prana. Même si nous n’étions engagés dans aucune activité, et que nous passions nos journées allongés sans rien faire, le maintien de nos fonctions physiologiques (circulation sanguine, travail du système digestif, respiration…) nécessiterait une grande consommation d’énergie. Il nous faut donc nous alimenter constamment en Prana afin de compenser cette déperdition.
Le langage commun exprime d’ailleurs bien cette nécessité, comme dans l’expression usuelle : « j’ai besoin de me recharger en énergie ».

Toutefois, n’importe quelle manifestation du Prana n’est pas utilisable par notre corps. Ainsi, mettre ses doigts dans une prise électrique de 220 volts n’est pas la façon la plus appropriée de se ressourcer !
Il est donc nécessaire de préciser quelles sont les sources de Prana auprès desquelles l’être humain va pouvoir tranquillement puiser.

Celles-ci sont bien connues : la nourriture, la boisson, l’air, la lumière, les autres êtres vivants.
Précisons, dès à présent, que ni la nourriture, ni la boisson, ni l’air, ni la lumière, ni les êtres vivants ne sont en eux-mêmes du Prana : ils le transportent, et en sont simplement les vecteurs.

 la nourriture et la boisson.
Pour que la nourriture soit réellement une source de Prana, il est nécessaire que cette alimentation soit fraîche. Ainsi, les aliments rassis ou fermentés ne comportent pas de Prana.
La viande présentée sur l’étal du boucher est, elle aussi, totalement dépourvue d’énergie. En effet, seul ce qui est vivant peut transmettre du Prana, en vertu du principe qu’on ne peut donner que ce l’on possède. Or, par définition, l’animal qui a été tué n’est plus vivant. Certes, cette viande fournit à notre organisme des composés chimiques (protéines) dont il a besoin pour constituer sa masse musculaire. Mais, cette viande est totalement dépourvue de Prana.
La langue est l'organe qui nous permet de prendre l'énergie de la nourriture et de la boisson que nous absorbons. Aussi les Yogis mâchent-il longtemps leurs aliments afin d’en exprimer tout le Prana qu’ils recèlent.

 L’air
L’air que nous inhalons est une source précieuse de Prana. C’est une expérience simple que nous pouvons effectuer chaque jour : quand nous sortons « prendre l’air » nous nous sentons bientôt ragaillardi. Et si nous sortons par grand vent nous allons rapidement nous sentir plein d’enthousiasme, d’énergie.
Aussi est-il important que l’atmosphère dans laquelle nous vivons ne soit pas confinée.



Ce Prana est absorbé au niveau des fosses nasales et au niveau des alvéoles pulmonaires. L'attention portée à ces régions durant la respiration permet d'accroître considérablement la quantité de Prana absorbée.





 La lumière
La lumière naturelle est bénéfique et nous permet de puiser du Prana. Cette absorption se fait essentiellement par la peau. Toutefois, il est important de rappeler que notre exposition au soleil doit être modérée afin d’éviter coups de soleil, insolations et autres tumeurs malignes.
Il existe aussi une pratique qui consiste à tirer la langue face au soleil afin d’en absorber l' énergie. Il s'agit ainsi d'une sorte particulière de bain de bouche, très efficace. Par ailleurs, les Yogis adoptent la posture dite du Lion Rugissant (Simhasana), où la langue, sortie, est pointée vers le bas. Vous pourrez la mettre en œuvre sur la plage, cet été, et ne manquerez pas d'intéresser rapidement beaucoup de monde !

Les échanges humains
Les relations humaines sont aussi particulièrement riches en échanges de Prana. Ainsi, une personne qui en réconforte une autre : c’est un échange de Prana. Untel qui crie après unetelle : c’est encore un échange de Prana !
Nous n’en avons pas toujours conscience, mais ces échanges de Prana dispensés aux travers des relations de la vie quotidienne nous motivent, nous dynamisent, ou au contraire nous sapent notre énergie, voire nous « abattent » moralement.
Nous connaissons tous des personnes, dont la présence, le discours, le charisme, nous revigorent, nous enthousiasment, voire même nous « transportent » ! A l’opposé, nous avons tous en tête des personnes dont nous pouvons dire qu’elles nous « pompent notre énergie » et auprès desquelles nous nous sentons rapidement « vidés ». Là encore, le langage commun rend bien compte d’un phénomène qui tout en étant subtil, est bien réel.
Les vecteurs de transmission de cette énergie sont la pensée, la parole, le regard, la présence, et l’action. Ainsi, un regard accueillant peut réconforter, soutenir; une parole chaleureuse peut apaiser ou dynamiser; la présence silencieuse d’une personne peut constituer une puissante source d’inspiration pour autrui; enfin, une pensée bienveillante, même gardée en notre fors intérieur, sera agissante sur autrui, même si cette action s'avère subtile.
Le support de cette émission d’énergie est l’intention. Ainsi, pour que nos pensées, nos paroles, nos regards, nos actions soient puissamment aidants, il est nécessaire de développer en nous notre aspiration à nous aider nous–même et à aider les autres êtres.



Réciproquement, pour que nous puissions recevoir l'énergie bénéfique que les autres êtres nous adressent, il est nécessaire de nous ouvrir à autrui, de générer de la confiance, et même de la foi. Toutes les bénédictions du monde qui nous sont destinées seraient inopérantes, si nous y demeurions fermés.





Conclusion



Comme on le voit, les Yogis ont recours aux mêmes sources d'énergie que les autres êtres humains. Le Prana nous entoure, sous de multiples formes et ne demande qu'à être canalisé. Ce n'est pas une richesse réservée à certains. Et les bienfaits puissants et réels que tirent les Yogis de leur pratique, ils le doivent à leur effort personnel, ainsi qu'à la générosité de leurs propres maîtres.



Toutefois, vis à vis du Prana, les Yogis se distinguent des autres êtres par quatre attitudes caractéristiques :



. La nécessaire concentration



En canalisant, à certains moments, leur activité mentale sur l' absorption du Prana, les Yogis décuplent la quantité d'énergie qu'ils emmagasinent. Delà, découlent des réalisations qui paraissent hors de portée des personnes dont l'esprit est éparpillé. A titre d'exemple, imaginez que vous alliez à la pompe prendre du carburant : si vous êtes distrait, vous en renverserez l'essentiel sur vos chaussures et seules quelques gouttes arrivent dans le réservoir. Il n'est ensuite pas étonnant que le véhicule ne puisse pas aller très loin. Eh bien, c'est la même chose avec le Prana !



. la mise au point d'exercices spécifiques



Les Yogis ont conçu des exercices très variés permettant de purifier le corps énergétique, d'augmenter la quantité de Prana absorbée, de favoriser son assimilation et sa distribution dans le corps, et d'apprendre à utiliser cette énergie à des fins réellement bénéfiques. La mise en oeuvre de ces pratiques de Pranayama permet d'atteindre une plus grande santé physique et mentale.



. La nécessaire levée des obstacles mentaux



Ces exercices de Pranayama ne peuvent, toutefois, produire pleinement leurs effets que si nous levons en nous les barrières mentales que nous avons posées et qui nous bloquent dans nos réalisations.



A titre d'exemple, il est possible d’envoyer de l’énergie à distance à d’autres personnes et d’activer ainsi en elles le processus de guérison. Cette pratique est techniquement extrêmement simple et toute personne a les moyens de vérifier l'efficacité de ce traitement. La difficulté, la seule qui existe, consiste à accepter que cela puisse se faire. Beaucoup de personnes s'en empêchent, par scepticisme, par attachement aux habitudes, ou ignorance. Mais cela ne fait que conforter en elles un sentiment d'impuissance et de petitesse. Heureusement, à tout moment cette attitude mentale peut être modifiée et nous pouvons retirer les lunettes noires que nous avions chaussées et qui nous faisaient croire que tout est sombre.



La façon habile de lever ce scepticisme est de comprendre profondément la finalité de notre action.



. utiliser le Prana pour le bien des êtres



Tous les êtres humains sont confrontés à certains moments à la douleur. La conscience de cette réalité est une puissante source d'inspiration : si je sais que, gràce au Prana que j'absorbe, je vais pouvoir améliorer ma condition, et celles des autres êtres, alors je vais vraiment trouver que la vie est formidable. La seule chose qui serait vraiment navrante serait de ne rien pouvoir faire pour soi, ni pour les autres. Heureusement, la réalité n'est pas ainsi, et nous pouvons utiliser pleinement le Prana pour entreprendre des actions qui ont vraiment un sens.


Pour m'écrire : christianledain@wanadoo.fr

LE PRANA : ENERGIE COSMIQUE ET ENERGIE VITALE



Le mot Prana a une signification bien précise dans la langue et la pensée indiennes.
Pourtant, cette signification n’apparaît pas de prime abord. En effet, selon son étymologie, « Prana » signifie en sanskrit « le souffle qui va vers l’avant ».
Il nous faut donc nous référer aux textes sanskrits qui font usage de ce terme pour clarifier cette notion. On découvre alors que le mot « Prana » possède une double signification : il désigne à la fois le souffle matériel et le souffle immatériel.
La langue française marque bien, elle aussi, cette double signification. Ainsi, lorsque le professeur de gymnastique enjoint à ses élèves d’ « inspirer », il les invite à inhaler, à prendre l’air à pleins poumons ; et il désigne ici le souffle matériel. Par ailleurs, lorsque le poète évoque son « inspiration », il fait référence à un phénomène immatériel, une puissance créatrice qui se manifeste à travers lui. Et cette inspiration, l’artiste la désigne parfois comme une force extérieure à lui : il parle alors de « sa muse », ou d’une intervention divine qui le visite.
Les langues sanskrite et française rendent donc bien compte d’ une même représentation de la réalité.

1 Le souffle grossier


Pris dans son sens matériel, le Prana désigne tout d’abord le vent, le déplacement matériel d’une masse d’air à la surface de la terre.
Cette réalité extérieure à l’homme trouve une correspondance dans le corps humain. Ainsi, le mot Prana désigne aussi la respiration, l’alternance répétée de l’inspiration et de l’expiration qui soutient notre vie.
On retrouve ici cette conception fondamentale de la pensée indienne : l’unité entre le microcosme et le macrocosme; autrement dit, ce qui se manifeste au niveau de l’espèce humaine renvoie à ce qui se passe au niveau de l’univers et de notre planète.
Cette conception d’une unité profonde, d’une identité structurelle entre l’homme et l’univers n’est pas propre à la philosophie du Yoga. Elle constitue une constante de la pensée indienne, affirmée dans les tous premiers textes dont nous ayons reçu la transmission ( cf. le Rig Veda 10.90).

Mais le Prana n’est pas simplement ce souffle physique dont nous percevons aisément la réalité. Le Prana désigne aussi le souffle immatériel.


2 Le souffle subtil

Le Prana désigne aussi l’ énergie. C’est la force qui anime non seulement l’univers, mais aussi l’être humain.


21 le Prana est l’énergie cosmique

Le Prana anime l’univers entier. On peut ainsi l’appeler « l’énergie universelle ».
Ainsi, toute forme d’énergie représente une manifestation du Prana. Toutes les formes sous lesquelles l’énergie peut être observée dans l’univers (énergie électrique, thermonucléaire, cinétique, etc.) constituent des manifestations du Prana.


Cette énergie assure une double fonction dans le cosmos :
Le Prana engendre, tout d’abord, le mouvement. Le Prana est ainsi le « moteur universel » (Louis Renou), la force qui crée le mouvement .
Par conséquent, tous les mouvements présents dans l’univers sont le résultat de l’action du Prana.
Cette conception n’est pas propre aux Yogis. Elle est partagée par les astronomes antiques. Ainsi, le Suryasiddhanta ( IVe s après JC), expose qu’il existe un moteur universel appelé Vayu (vent), assimilé au Prana, dont l’action explique le mouvement des 5 planètes qui pouvaient alors être observées dans le ciel (Mercure, Mars, Vénus, Jupiter et Saturne) .

De façon plus profonde et plus abstraite, le Prana désigne le principe qui est à l’origine de l’ univers, l’agent qui en est la cause. Selon cette conception, tous les éléments matériels qui composent l’univers procèdent du Prana, qui par nature échappe à la perception sensorielle. La matière procède donc du Prana, selon un principe de base de la pensée indienne formulé par la philosophie Samkhya et repris par les autres courants de pensée : ce qui est plus grossier procède de ce qui est plus subtil.
Pour le Védanta, le Prana n’est toutefois pas le principe ultime de l’univers car il émane lui-même du Brahman, principe suprême, l’Absolu inconcevable, que l’on peut appeler « Dieu ».



Avec ces considérations, sommes-nous si éloignés de notre propre tradition judéo-chrétienne ? Pas tant que cela, à vrai dire ! La Génèse, en effet, expose : « l’esprit d'Elohim planait au dessus des eaux" . Et le terme "ruah" traduit ici par « esprit », possède un autre sens : "le vent" (cf. La Bible, Génèse, in La Pléiade, page 3).

Mais le Prana n’est pas seulement l’énergie qui anime l’univers à l’extérieur de nous, il est aussi l’énergie qui anime notre être.



22 le Prana est aussi l’énergie vitale

Le Prana est la force qui fait que les êtres vivants sont des êtres animés. On peut synthétiser cette idée par la formule : « le prana, c est la vie ».
Cette affirmation est très ancienne puisqu’elle a été formulée pour la 1ere fois dans un texte fondamental de la pensée indienne, la Chandoggya Upanishad (1.1.5) : « tous les êtres entrent dans la vie ici-bas avec le souffle et la quittent avec le souffle ».
Il en découle que toutes les manifestations de la vie que les êtres humains connaissent : la pensée, les émotions, les sentiments, les actes sont l’expression de cette énergie vitale, le Prana.

Cette conception recoupe tout à fait ce que la langue française courante exprime avec clarté . En disant de telle personne qui vient de mourir qu’« elle a rendu son dernier souffle », nous associons intimement le souffle et la vie. Et l’emploi du verbe « rendre », montre bien que ce souffle ne nous appartient pas, que nous n’en sommes que des détenteurs à titre provisoire.

Parmi les caractéristiques de ce Prana, on peut dire qu’il est présent dans l’être humain dès sa conception, c’est-à-dire au moment de l’union des cellules sexuelles mâle et femelle .
Par ailleurs, au moment de la mort, le Prana présent s’échappe de l’organisme par un des dix orifices du corps.
Pour les Yogis, ce moment de la mort constitue un moment crucial où la « délivrance » ( moksha) peut être atteinte . Aussi, s’efforcent-ils de maîtriser ce processus en faisant emprunter au Prana un canal particulier. Si le Prana parvient à s’échapper par le sommet du crâne après avoir percé le point appelé Brahma randra, alors la personne n’est plus soumise au cycle des réincarnations (samsara). Si cette ascension de l’énergie jusqu’au Brahma Randra s’effectue du vivant de la personne, et non au moment de la mort, alors elle devient un « libéré vivant » (Jivan Mukta) .


Conclusion
Comme on le voit, la conception indienne du Prana est très cohérente.
Elle n’est pas non plus éloignée du savoir que véhicule notre langue française, à travers ses expressions imagées.
Elle s’accorde, enfin, avec certains aspects de la tradition judéo-chrétienne.
Elle ne pourrait choquer finalement que les tenants d’une conception matérialiste de l’être humain.

LES PRINCIPALES FONCTIONS PSYCHIQUES DES CHAKRAS



LES SEPT CHAKRAS PRINCIPAUX
7e chakra : Sahasrāra situé au niveau de la fontanelle
6e chakra : Ājñā entre les sourcils
5e chakra : Viśuddha au niveau de la gorge
4e chakra : Anāhata entre les seins
3e chakra : Manipura au niveau du creux de l' estomac
2e chakra : Svādhishthāna au niveau du nombril
1er Chakra : Mūlādhāra au niveau du périnée


Les chakras représentent des "passerelles" entre le corps physique et le corps énergétique, composé de ces trois enveloppes ( enveloppe énergétique, enveloppe mentale, enveloppe de l'intellect)
Les états émotionnels et mentaux dont nous faisons quotidiennement l’expérience sont ainsi en relation avec le fonctionnement de nos chakras.
Les chakras peuvent se trouver dans trois situations différentes : soit ils fonctionnent de façon équilibrée, soit leur fonctionnement est défectueux, ce qui se traduit soit par une sur-activation, soit par une sous-activation.
La connaissance des principales fonctions psychiques des chakras permet dès lors de repérer chez soi, ou chez autrui , un fonctionnement normal ou défectueux de tel ou tel chakra.
Il est ensuite possible d’agir afin de corriger un éventuel dysfonctionnement.
Cette connaissance peut intéresser non seulement les pratiquants du Hatha Yoga, mais aussi les praticiens Reiki.

Les chakras forment un système, c’est-à-dire un ensemble cohérent et interdépendant. Ainsi, ce qui se passe au niveau d’un chakra ( fonctionnement équilibré, ou sur-activation, ou sous-activation) vient modifier, colorer de façon particulière ce qui se passe pour les autres chakras.
Néanmoins, pour faciliter l’appréhension de ces chakras, nous les exposons ici de façon séparée. Cette phase constitue un préalable nécessaire pour percevoir ensuite leur fonctionnement d’ensemble.

Pour chacun des sept chakras principaux, nous présentons ici le fonctionnement correct, ainsi que les deux dysfonctionnements qui peuvent l’affecter .


1er chakra (muladhara) :


 Fonctionnement correct :

. Il régit la sécurité de l’individu, sa capacité à assurer sa survie dans son milieu, donc son aptitude à satisfaire ses besoins élémentaires. Dans notre société, cela se traduit par : vivre dans un environnement sécurisé ( cadre de vie paisible, avec de bonnes fréquentations sociales, un conjoint non violent…), avoir un toit, un travail, être en mesure de se nourrir, se loger, se vêtir et se soigner si s’est nécessaire. La personne est intégrée à son milieu social et manifeste une réelle autonomie matérielle (capacité à subvenir à ses besoins ). Elle est en bonne santé physique (« en forme ») et fait preuve d’une réelle présence.

. La personne est en contact avec la réalité matérielle. D'elle, on dit qu’elle « a les pieds sur terre » et qu’elle fait preuve d’un solide bon sens ( sens des réalités).

A l’intérieur d’un groupe, elle dynamise les participants grâce à sa foi en la vie.


 sur-activation : La personne fait preuve de brutalité, d'un matérialisme effréné (attachement aux biens matériels) et se met en danger par inconscience des dangers encourus, (témérité).


 sous-activation :

La personne n’assure pas sa sécurité matérielle : misère, attitude non protectrice de soi (environnement insalubre, fréquentations dangereuses, conjoint menaçant (exemple : femmes violentées),

La personne adopte une conduite à risque (consommation de drogue, d’alcool, tabagisme, etc.)

Elle fait preuve de négligence de soi (malpropreté, mauvaise alimentation)

La personne n’habite pas réellement son corps, semble diaphane, ou ne paraît pas suffisamment incarnée. Elle s'intéresse peu aux choses matérielles, négligente des préoccupations concrètes, et répugne à la pratique d’activités corporelles.

Eloignée du sens des réalités, la personne parvient difficilement à concrétiser ses objectifs,



2eme chakra (Svadhishthana) :


 Fonctionnement correct :

. Ce chakra régit l'aptitude à goutter les plaisirs de la vie ( sexualité, mais aussi sensualité et richesse des perceptions sensorielles). La personne a la capacité à apprécier ce qui est beau (goût artistique), ce qui est agréable ( exemple, un bon repas). De façon générale, le fonctionnement correct de ce chakra permet de prendre plaisir à vivre, ce qui engendre enthousiasme et dynamisme chez la personne. La personne a conscience que l’existence humaine est précieuse, riche et vaut la peine d’être vécue. Elle manifeste une grande joie de vivre, un entrain communicatif autour d'elle, du charisme.

. Ce chakra est en relation reproduction de l’individu (fécondité),

. La personne manifeste une grande créativité manuelle, artistique, intellectuelle (capacité à avoir des « idées », des projets personnels).

. De façon générale, ce chakra est en relation avec les sensations et les émotions de la personne. Un fonctionnement correct de ce chakra permet à la personne de percevoir et vivre de façon juste ses sensations et ses émotions.


 sur-activation : tempérament jouisseur ( recherche constante de la satisfaction des sens), difficulté à mettre des limites à ses désirs, tendance à la manipulation, obsession sexuelle, perversité

 sous-activation : hypersensibilité, sévérité avec soi-même, austérité, condamnation du plaisir, culpabilité injustifiée, honte, frigidité ou impuissance sexuelle, état dépressif, sentiment d’isolement. La personne a peu d’échanges avec les autres personnes


3eme chakra (Manipura) :

 Fonctionnement correct :


. Ce chakra régit l'individuation, c’est-à-dire la conscience que chaque être humain a de soi en tant qu’il est différent d’autrui . Cette conscience de soi est une nécessité pour un bon équilibre psychologique et un véritable épanouissement spirituel. Il n’est, en effet, pas possible de se sentir relié aux autres si l’on n’a pas conscience de notre existence propre. Rechercher la fusion ou vivre dans le désir de l’autre en s’effaçant devant autrui n’est sain pour personne.

. La personne a confiance en soi, manifeste de l'estime de soi . Elle fait preuve d’assurance, en même temps qu’elle sera habitée d’une grande volonté et d’une forte détermination. Elle sera en mesure de gérer des situations de stress.

.Ce chakra régit l' affirmation de soi : la personne assume ses valeurs, ses aspirations, ses décisions, ses choix, ses émotions, ses désirs . Elle manifeste du courage.

Cette affirmation de soi se traduit par :

. l’aptitude à poser des limites :

Tant les limites que l’on se fixe à soi-même ( capacité à se discipliner, à intégrer et respecter la loi),
que les limites que l’on fixe aux autres (capacité à se faire respecter, à dire « non »).

Par cette double aptitude à poser des limites, la personne manifeste sa puissance intérieure. La personne se respecte et se fait respecter.

Cette affirmation de soi est sereine et nullement arrogante. Elle conduit à se défendre lorsque l’on est injustement attaqué. Il n’est, en effet, pas sain de laisser commettre une injustice, fut-ce contre soi ;

. capacité à exercer des responsabilités, à diriger, à exercer le pouvoir,

Cette capacité à jouer un rôle de leader découle tout naturellement de l’intégration de nos qualités, de notre confiance en soi et de notre aptitude à dire « non » . Tranquilles vis à vis de nous même, tranquilles vis à vis d’autrui, nous pouvons alors assumer la responsabilité d’un groupe. On notera que l’exercice du pouvoir sera pleinement épanoui chez une personne qui aura aussi activé son chakra du cœur : le pouvoir sera alors exercé pour le bien commun et non à des fins égoïstes ou tyranniques.

. aptitude à surmonter les épreuves, à ne pas se « laisser abattre », capacité à « digérer » les choses : tant au plan physiologique (les aliments) que sur le plan psychologique (les émotions), comme en témoigne la tournure de langage suivante : « il m’a dit quelque chose qui ne m’a pas plu et je ne l’ai toujours pas digéré !»


 sur-activation : caractère colérique, agressivité, dirigisme, autoritarisme, attitude hautaine, valorisation excessive de soi, narcissisme

 sous-activation : susceptibilité, timidité, dévalorisation de soi, recherche constante de l’approbation d’autrui, image de soi dégradée, crainte de la solitude. La personne est hésitante, sujette à la peur, à l'anxiété, a un besoin continuel de réconfort, se laisse manipuler; personnalité dépendante



4eme chakra (Vishuddha) :

 Fonctionnement correct :

Ce chakra régit le rapprochement affectif avec autrui et la capacité de s’ouvrir aux autres sur les différents plans :

- plan social : développer des relations avec d’autres personnes, avoir des échanges sociaux, manifester de la ,

- plan intellectuel : aptitude à accepter des points de vue différents du sien (tolérance), à les prendre en compte et à les intégrer à sa propre réflexion (ouverture d'esprit ),

- plan affectif et spirituel : la personne manifeste de la générosité, c’est-à-dire l’aptitude à recevoir et à donner des choses matérielles ( biens), mais aussi immatérielles (de l’attention, des marques de respect, de l’amour, un enseignement).

La personne ressent et témoigne de la compassion (volonté de soulager tous les autres êtres de la souffrance). La personne manifeste de l’indulgence vis à vis des autres et vis à vis de soi-même ( capacité à se pardonner ses propres erreurs)


 sur-activation : attachement, amour conditionnel (« je t’aime, si tu es sage, ou si tu veux ce que je veux, ou si tu es silencieux et ne dérange pas Maman, …), possessivité, jalousie.

 sous–activation : crainte d’être rejeté, quitté, trahi; se croire indigne d’être aimé, manifester de la méfiance vis à vis d’autrui, de la dureté; absence de pardon.



5eme chakra (Anahata) :

 Fonctionnement correct :

Ce chakra régit la communication, l’expression de soi, la mise à l’extérieur de soi de ce qui se passe à l’intérieur de soi ( ses émotions, sa pensée, ses sensations, ses croyances, ses valeurs).

. sens de la communication (orale, écrite ou gestuelle ), capacité d'expression artistique. La créativité qui apparaît au niveau du 2e centre d’énergie se trouve extériorisée, manifestée au niveau du 5e chakra.

. aptitude à extérioriser ses émotions, à ne rien "garder en travers de la gorge". La personne manifeste une communication authentique, sincère. C’est le contraire de la « langue de bois » ou de la parole manipulatrice. Il y a adéquation entre ce que pense, ce que ressent la personne et ce qu’elle exprime. Cette authenticité touche l’auditoire et confère de la puissance au discours. La personne est convaincante.

. facilité à nouer des relations avec d'autres personnes, à entrer en contact. La personne, si le 4e centre d’énergie est activé, manifeste de la bienveillance dans son expression et développe une réelle capacité d’écoute.


 sur-activation : bavardage, paroles futiles et oiseuses, arrogance, histrionisme,

 sous-activation : difficulté à extérioriser ses émotions, manque d’authenticité dans l’expression de ses émotions ( dira « oui » pour faire plaisir, alors qu ‘elle pense profondément « non »), ou bien la personne sera bloquée, s’exprimera peu ( par exemple, sous l’emprise d’une dévalorisation de soi, la personne est inhibée et se montre peu).


6e chakra (Ajna) :

 Fonctionnement correct :

. la personne utilise pleinement ses capacités intellectuelles. Sa pensée rationnelle est claire et structurée.

. La personne manifeste de la sagesse, connaissance de la réalité des phénomènes au-delà de leur apparence illusoire. La personne a accès à la connaissance de ce qui n’est pas uniquement matériel,

. Forte intuition (connaissance immédiate des phénomènes sans passer par l’intermédiaire du raisonnement)

. Développement de perceptions subtiles, dites aussi extra-sensorielles (différentes des perceptions grossières accessibles au niveau du 2e chakra), telles que la clairvoyance, ou la claire-audition. Si le niveau d’activation est élevé, il est dit aussi que la personne peut avoir accès à la connaissance de ses vies antérieures.

. La personne manifeste des facilités pour le développement de la concentration et l’approfondissement de la méditation


 sur-activation : rationalisme exacerbé, intellectualisme, dogmatisme, scepticisme

 sous-activation : manque de rigueur intellectuelle, esprit confus, pensée peu structurée, difficulté d’acquisition des connaissances, complaisance pour les choses irrationnelles, dépourvues de fondement, les élucubrations, hallucinations



7eme chakra (Sahasrara):

. Fonctionnement correct : Ce chakra régit le développement spirituel de la personne. Il renforce les fonctions du 6e chakra, procure paix intérieure et détachement

Je ne connais pas de dysfonctionnement pour ce chakra.


Conclusion

Dans la mesure où les chakras assurent la jonction entre le corps physique et le corps subtil, il est possible de réguler nos état émotionels et mentaux en intervenant sur les chakras.
La pratique régulière du Yoga permet de remédier à d'éventuels dysfonctionnements des chakras. Par ailleurs, le Reiki constitue, sans doute, le moyen d'action le plus puissant : en plaçant nos mains sur telle ou telle région du corps nous rétablissons le bon fonctionnement du chakra correspondant.
Gràce à ces pratiques nous agissons puissamment sur notre santé physique et mentale et nous donnons la possibilité de mener une vie pleinement riche et épanouie.