LA PERSONNE HUMAINE SELON LE YOGA –VEDANTA (DEBUT)

Le Yoga représente l'un des Sat Darshana, une des six "vues" sur le monde et l'être humain présentée par l'hindouisme. Bien souvent, le système du Yoga se trouve rapproché d'un autre Darshana, le Védanta. De façon grossière, on peut dire que le Védanta constitue la "théorie", dont le Yoga représenterait la "pratique".


Selon le Védanta, la condition ordinaire de l’être humain est l’ignorance (Avydia). Cette ignorance résulte de l’emprise qu’a sur nous la Maya, l’illusion, ce voile qui nous masque la réalité profonde des phénomènes et de notre propre nature. Bien sûr, le Védanta se propose de lever ce voile et de révéler à l’être humain la réalité profonde et authentique de sa condition. L’élément central de cette théorie est l’affirmation qu’en l’homme existe un principe, nommé atman, que l’on peut traduire par âme. Cet atman individuel a pour caractéristique de posséder une nature identique à celle du Brahman, l’Absolu non personnifié, que l’on peut appeler Dieu.
Tant que la personne est le jouet de l’illusion, l’âme est condamnée à se réincarner et à errer dans le samsara. La dissipation de cette illusion conduira l’âme à la Libération.


Bien sur, nous sommes libres de ne pas adhérer à cette conception hindouiste de l’être humain et de conserver nos convictions philosophiques personnelles. D’ailleurs, les bouddhistes ne se privent pas de réfuter cette théorie de l’atman : ils affirment rechercher l’âme partout dans l’être humain, mais ne la trouvant nulle part, se voient obligés de conclure à son inexistence.


Pour les pratiquants occidentaux du Yoga, cette question de l’existence de l’âme ne doit pas être un obstacle. Mettons la de coté et ne nous empêchons pas de nous émerveiller devant la profondeur et la richesse du Védanta. Car, cette pensée présente des traits de la nature humaine dont chacun de nous peut vérifier la justesse du fait de sa seule expérience. En d’autres termes, toute personne qui pratique le Yoga peut confirmer que certains aspects de la théorie du Védanta sont exacts. Il nous sera dès lors possible d’intégrer ces éléments à nos conceptions personnelles.



11 LA PERSONNE HUMAINE, COMPARABLE A UN OIGNON

Selon le Védanta, la personne humaine peut être comparée à un oignon.
Un oignon comporte différentes couches, différentes enveloppes. Cela semble évident à toute personne qui a déjà passé un peu de temps en cuisine !
Rien de plus simple, donc, en apparence, qu’un oignon. Pourtant, en réalité, rien de plus trompeur !
Prenons l’exemple d’une personne qui découvre un oignon pour la première fois de sa vie : elle retire une épaisseur et croit alors être en contact avec le centre de l’oignon. Mais, grattant un peu, cette personne découvre que ce qu’elle pensait être le centre, ne constitue en réalité qu’une enveloppe, laquelle recèle à son tour quelque chose d’autre en son milieu, qu’elle prend à nouveau pour le centre. Et ainsi de suite, apparaissent successivement les différentes couches de l’oignon, que la personne retire les unes après les autres, jusqu’à ce qu’elle ait enfin atteint le cœur, minuscule en vérité.

Epluchons donc cet oignon, examinons les différentes enveloppes qui constituent l’être humain.



SCHEMA DE LA PERSONNE HUMAINE


La personne humaine comprend cinq enveloppes réparties sur trois corps ( sharira) :

* Le corps dit grossier ( stuhla sharira)


Il constitue le corps physique que nous connaissons bien. Ce corps est composé de sept éléments : le chyle, le sang, la graisse, la chair, l’os, la moelle et la semence. Il est constituée d’une seule couche, l'enveloppe de nutriment (annamaya-kosha).

* le corps subtil, ou fin (sûkshma-sharîra)


Il est composé de trois couches (koshas) :


. 1 l'enveloppe d'énergie vitale (prânamaya-kosha)

C'est le corps imprégné de Prana, d’énergie. Ce Prana, présent dans l’univers, est aussi présent dans l’être humain et s’y trouve spécialisé par fonctions ( cf. les différents Vayus ):
Pranamaya kosha anime le corps et la pensée. Cette enveloppe unit le corps matériel ( stuhla sharira) et le psychisme ( manomaya kosha).

. 2 l’enveloppe mentale ( manomaya kosha)
Cette enveloppe est composée par les pensées et les émotions. Elle correspond à la dimension psychologique de la personne, à ses traits de caractère, sa personnalité. Cette enveloppe intègre la faculté mentale (manas) et permet d’expérimenter les émotions (colère, tristesse, désir). C’est elle qui expérimente l’illusion .
L’enchaînement de l’être humain à sa condition est le résultat de cette activité mentale. En d’autres termes, c’est ce mental (manas) qui s’illusionne et croit à l’apparence trompeuse des phénomènes. En sens inverse, lorsque manas sera libéré de cette illusion, l’ignorance fondamentale de l’être sera alors dissipée et la personne sera libérée du cycle des réincarnations (samsara).

. 3 Vijñânamaya-kosha constitue l’enveloppe de l’intellect. Cette enveloppe correspond à l’exercice de trois facultés : le raisonnement, la discrimination ( c’est à dire la distinction entre ce qui est réel et ce qui est irréel ou illusoire), et la décision.

* Le corps Causal (kârana-sharîra)

Ilest composé d' une seule enveloppe : l'enveloppe de béatitude ou de la félicité (ânandamaya-kosha). Ânanda est la félicité parfaite, la béatitude absolue, la joie spirituelle ineffable. Cette enveloppe permet d’expérimenter la joie suprême, le bonheur sans limitation. Et cette expérience découle de la proximité du corps causal avec la nature ultime de l’être, l’atman. Ainsi, l’être qui parvient à cette expérience se trouve au plus proche du divin présent à l’intérieur de soi, au plus près de l’atman individuel.

Au centre de l’être se trouve l’atman, lequel ne fait pas partie de ces trois corps.
L’atman constitue la présence en la personne humaine du Soi non manifesté. Sa nature est identique à celle de Dieu.

Swami Sivananda définit ainsi la nature de l’âme : l’atman est Shiva ; l’atman est le Brahman ; l’atman est infini ; l’atman est éternel, toujours pur, parfait, toujours libre, sans attachement, témoin, sans changement. L’atman n’est pas le corps physique . L’atman n’est pas non plus le Prana (cf. Swami Sivananda, Vedanta for beginners, page 23 ).

L'atman est présent dans l’être humain. Cependant son existence est masquée par l’ensemble des enveloppes (koshas) qui l’entourent.
L’être humain qui s’identifie à l’une ou l’autre de ces couches baigne, en vérité, dans l’ignorance. Cette méconnaissance revêt différents niveaux de profondeur. Ainsi, l’ignorance la plus grossière consiste à s’identifier au corps physique, à croire que l’être humain se résume à son corps matériel. Un niveau d’ignorance moins marqué consiste à croire que la personne humaine se résume à un corps matériel articulé à un corps subtil. Un niveau d’ignorance encore plus ténu aboutit à assimiler la personne humaine à ses trois corps (matériel, énergétique et causal). Enfin, selon le Védanta, la connaissance parfaite consiste à faire l’expérience de ces trois corps, tout en reconnaissant leur articulation avec l’atman.




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