Fondamentalement, le Hatha Yoga constitue
l’une des six voies de libération du samsara, le cycle des existences
conditionnées, énoncées par l’hindouisme. Le Yoga poursuit donc un objectif
très élevé, le plus ambitieux de tous : mettre fin définitivement à
l’insatisfaction inhérente à la condition humaine. Mais, un tel objectif n’est
pas partagé par tout le monde et il ne faudrait pas réserver le Yoga à une
minorité de héros.
D’un autre côté, la présentation qui
est faite du Hatha Yoga en Occident est souvent assez pauvre et superficielle :
le Yoga s’y trouve alors ramené à une gymnastique alambiquée teintée d’exotisme.
Soyons clair : la gymnastique est une excellente activité car elle permet
de garder notre corps physique en bonne santé, et on ne saurait trop en louer
la pratique. Cependant, le Yoga est bien plus qu’une simple activité sportive :
cette discipline engage toutes les composantes de l’être humain et propose des
exercices nous permettant de nous libérer de nos difficultés émotionnelles qui
sont au cœur des maux que nous éprouvons dans notre société : stress,
anxiété, irritabilité, nervosité, agitation, dévalorisation de soi...
Entre ces deux bornes - l’aspiration à
mettre un terme au cycle des existences conditionnées et la pratique sportive -
il y a place pour une infinité de nuances, différents niveaux de profondeur dans
la pratique. Ainsi, chacun, selon ses aspirations et ses aptitudes, peut
trouver une approche du Hatha Yoga qui lui convienne pleinement et lui permette
de s’épanouir sur le plan physique,
émotionnel et spirituel. Il n’y a pas une façon unique de procéder, il y
a une grande richesse d’approches possibles et il est important que chacun
puisse s’épanouir selon ses choix.
Cette grande liberté s’exerce toutefois
à l’intérieur d’un cadre précis. On retrouve ainsi certains principes fondamentaux inhérents à
la pratique du Yoga. Ces règles de base sont constitutives de la pratique même
et on ne saurait sans affranchir sans perdre l’esprit du Hatha Yoga. Le
camembert lui-même a une appellation d’origine contrôlée et n’importe quel
fromage ne saurait en usurper le nom ; ainsi en va-t-il de même pour le
Yoga !
Je voudrais ici ramasser en quelques
phrases les éléments clefs de la pratique du Hatha Yoga afin de vous permettre
de disposer d’une boussole pour vous guider dans votre cheminement personnel.
1)
La posture
Installez-vous dans une position
assise. Si la posture du lotus (padmasana),
ou la posture parfaite (siddhasana) ne
vous sont guère accessibles - ce qui est mon cas - n’en soyez pas trop
contrarié et que votre esprit s’en détache paisiblement. Installé en tailleur,
ou sur une chaise, le dos bien droit, prenez bien soin de repousser le menton
vers l’arrière. Cette nuque raide vous donne un air peu avenant, « pas
commode », mais nous ne sommes pas là pour plaire à qui que ce soit en ce
moment. En étirant votre colonne vertébrale et en effaçant bosse et creux, vous
permettez aux souffles subtils (Vayus)
qui irriguent votre corps énergétique de circuler correctement. Comme les états mentaux dont nous faisons
l’expérience sont en relation directe avec la circulation de ces
« vents », il est essentiel que cet alignement de la colonne soit mis
en place.
La posture dans le Hatha Yoga est donc essentielle et
on se méprend parfois à son propos: une posture n’est pas une attitude
tarabiscotée, c’est simplement une attitude saine, juste, qui fortifie le
corps, permet la bonne distribution de
l’énergie à l’intérieur des canaux subtils (nadis) et favorise la stabilisation
de l’esprit.
A contrario, essayez de réguler votre
activité mentale en étant avachi, effondré sur un divan ou allongé dans votre
lit. Prenez vraiment le temps d’effectuer une fois cette expérience, très
instructive. Vous constatez que vous pouvez très facilement ruminer les multiples
problèmes de la journée et retourner dans votre esprit toutes les contrariétés,
les frustrations accumulées. Les émotions cultivées des heures durant vont pouvoir
ressurgir avec facilité. Mais si vous essayez de réguler votre esprit et de
générer des émotions bénéfiques, positives vous allez vous rendre compte qu’en dépit de tous vos efforts
intellectuels, vous ne ressentez
finalement pas grand-chose : malgré toutes vos pensées, très peu
d’amour, d’altruisme et de joie parviennent à s’élever dans votre cœur.
Par contre, sans vous apprêter
particulièrement - même en pyjama ! - si vous vous asseyez sur le rebord du lit, la
colonne bien droite, les états mentaux négatifs qui avaient pu obscurcir votre
journée vont pouvoir se dissiper assez facilement. Après avoir ainsi régulé
votre esprit pendant quelques minutes, vous pourrez alors vous coucher et
dormir paisiblement sur les heureuses pensées que vous venez de générer.
2)
Le souffle
Maintenant, prenez conscience de votre
respiration. Laissez s’installer une respiration naturelle, régulière et équilibrée. Laissez s’enchaîner en vous les
étapes de la respiration en trois parties : à l’inspiration votre abdomen
se remplit, votre cage thoracique s’ouvre, enfin vos épaules se soulèvent.
Puis, vous accueillez l’expiration et vous laissez vos poumons se vider, en
chassant tout l’air de vos poumons. Placez alors index et majeur de la main
droite au milieu de votre front. Fermez à droite et inspirez à gauche. Quand
les poumons sont pleins, fermez à gauche et expirez à droite. Quand vos poumons
sont vides, inspirez à droite. Puis fermez à droite et expirez à gauche.
Effectuez plusieurs fois d'affilée ce cycle respiratoire. Cette pratique
constitue Nadi Shodana (la
purification des canaux subtils), dont la pratique journalière est ardemment recommandée.
Bientôt vous ressentez que les deux
narines s’équilibrent. Et peut-être aussi percevez-vous votre esprit
s’éclaircir et quelque chose de subtil se modifier dans votre humeur. Peut-être
même identifiez-vous quelque chose s’activer entre vos sourcils, comme un
fourmillement. Ou encore, une certaine chaleur fait-elle son apparition. Que
ces perceptions soient présentes ou non, peu importe : même si on ne
perçoit rien, quelque chose opère cependant, un travail souterrain s’effectue
en vous ; et si on perçoit quelque chose, il convient alors de ne pas trop
s’y attacher.
Ainsi, grâce à Nadi shodana vous avez régulé votre souffle grossier (la
respiration), ainsi que votre souffle subtil, et le Prana circule mieux dans le réseau des canaux énergétiques.
Ceci est excellent ! Et on a encore progressé ! Mais, ceci ne suffit toutefois
pas à nous libérer complètement de toutes les difficultés qui nous affligent,
toutes les tensions mentales et autres contrariétés.
3)
Développer la concentration
Notre mental se trouve dans une
continuelle agitation, sans pourtant qu’on le perçoive, tellement cet état est
installé en nous depuis longtemps. Heureusement, la pratique du Yoga nous
permet d’apaiser notre esprit de façon naturelle et progressive.
Dans l’attitude que vous avez adoptée,
gardez l’esprit placé sur le souffle. Quand l’inspiration se déclenche, sentez simplement
l’air pénétrer en vous. Lorsque l’expiration se présente, accueillez la et sentez
l’air sortir de vos poumons. Demeurez dans la contemplation de cette
respiration, l’esprit léger, semblable à un oiseau posé sur une branche.
Même si, au moment où l’on s’adonne à
cette pratique, on aspire au calme, il est possible que ce dont on fasse précisément
l’expérience ne soit pas du tout paisible. Nul prophète Yogi n’a dit : « Tu
pratiqueras le calme mental et le calme instantanément se fera en toi ! ».
Certes, nous aimerions bien qu’il en soit ainsi. Et nous y sommes incités par une
société qui valorise la vitesse. Mais cela n’aboutit, en fait, qu’à nous
infantiliser : comme le nourrisson, nous avons du mal à résister à la moindre
frustration et nous ne cessons de vouloir que nos désirs soient satisfaits sur
le champ. Pourtant, grandir, se structurer intérieurement, nécessite de
développer la patience. Et la pratique du calme mental nous permet d’affermir
cette qualité fondamentale de l’esprit.
Que faire maintenant si une tempête
s’élève en nous au moment où l’on pratique? On pourrait être tenté alors de se
dévaloriser, de se trouver nul, croire que l’on ne sait pas pratiquer
correctement et perdre foi en notre capacité à dépasser nos difficultés. Or, faire l’expérience de cette agitation
intérieure, c’est vraiment pratiquer. Il ne peut pas en être autrement. Dehors,
le temps est parfois calme, parfois agité : on pourrait s’en prendre aux
nuages et les invectiver, mais cela n’aurait que peu d’effet. Le mieux est donc
de les laisser passer !
Ainsi, lorsqu’on pratique et qu’une émotion
forte s’élève en nous, - si par exemple tel souvenir enfoui depuis l’enfance refait brutalement
surface, du genre « tatie Josette m’avait donné une claque à l’âge de cinq
ans et je ressens subitement une vieille
rancune remonter quarante ans plus tard » - simplement ne pas se démonter,
garder le cap, poursuivre la pratique, imperturbablement appliquer la méthode. Si
des nuages noirs se forment dans notre esprit, si la tempête déboule comme une
furie, si les éclairs se mettent à zébrer notre ciel intérieur, demeurer
simplement dans la conscience de ce qui se passe. Tout ce qui apparait, on le distingue, on le perçoit,
mais on ne fait pas corps avec, on ne s’y identifie pas : je ne suis
pas ces émotions qui s’élèvent, je ne suis pas cette agitation, et je les
laisse simplement passer, sans les redouter, ni chercher à les combattre. Et ces
nuages disparaissent alors, le vent soudain tombe et le calme se fait en
moi. Je ne fais rien, hormis laisser les choses se faire.
Je perçois alors les bienfaits de ce lâcher-prise
: je me blesse moins avec les critiques, mon humeur se régule, je maitrise
mieux mes émotions, j’ai plus de ressources intérieures.
Ces bienfaits, je ne les perçois pas
instantanément. La plupart du temps, semblables à des retransmissions sportives, ils se manifestent « en
léger différé ». Et c’est seulement dans les minutes et les heures qui
suivent ma pratique que j’en ressens les bienfaits en moi.
Il n’y a rien là de surprenant et la
nature nous donne maintes illustrations de ce processus échelonné dans le temps.
Ce n’est pas au moment où je place une graine en terre que je peux espérer cueillir
un fruit sur l’arbre. Et ce qui vaut pour l’agriculture vaut tout autant pour
notre psychisme comme l’expose la théorie du Karma : d’abord, survient l’acte déclencheur, puis s’écoule un
temps de latence durant lequel l’acte murit
en nous, chemine de façon souterraine, non apparente, et enfin se manifeste le fruit de l’acte lorsque
toutes les conditions de son apparition se trouvent réunies.(cf. notre article
sur la théorie du Karma dans la philosophie Samkhya)
Grâce à cette pratique contemplative, la
concentration s’aiguise et une purification intérieure opère en nous. C’est la
conscience de ce qui se passe qui effectue ce nettoyage : refuser de voir,
détourner les yeux de ce qui nous déplait n’aboutirait qu’à garder en nous les
maux dont on aspire à se libérer. Il faut donc un certain courage pour
pratiquer le Hatha Yoga.
Prendre la posture, réguler le souffle,
placer l’esprit : tout ceci est vraiment excellent. Et nous avons encore progressé
d’une marche. Malgré tout, ce n’est peut-être pas encore suffisant pour nous
libérer totalement des obstacles qui nous empêchent d’être véritablement heureux.
4)
Générer les émotions libératrices
La France est l’un des pays qui
consomme la plus grande quantité de psychotropes, ces médicaments qui agissent
sur l’humeur et la régule. Ceci révèle une chose intéressante : nous ne
savons pas utiliser correctement notre esprit.
A y regarder de près, il n’y a pas de
quoi se morfondre car si mon psychisme est capable de contribuer à l’apparition
d’un ulcère à l’estomac, d’un épuisement lié au stress, d’une tumeur cancéreuse,
c’est qu’il est vraiment très puissant.
Découvrir la force souveraine de
l’esprit - même destructrice - est infiniment précieux car cette reconnaissance est, en creux, porteuse
d’espoir. Si mon mental est à ce point capable de me rendre malade, c’est
qu’il pourrait peut être tout aussi bien me soigner ! Sans doute y a –t-il
là-dessous un peu de logique Shadock,
mais qui a dit que l’être humain fonctionnait comme un ordinateur ?
Je suis finalement avec mon esprit
comme tel plaisancier avec son pédalo : je déploie de grands efforts pour
revenir vers le rivage et ne parviens en réalité qu’à m’en éloigner toujours
plus. Pourtant, si je découvre que je pédale simplement dans le mauvais sens,
je vais pouvoir, au prix d’un léger changement, revenir très rapidement à la
plage, et même beaucoup plus rapidement que si je ne m’étais pas entrainé du
tout. Bref, plus on s’est entrainé à échouer et plus on est finalement près de
réussir ! Et cela fait longtemps que cela dure !
En fait, j’ai développé – bien malgré
moi - une grande compétence : je sais me créer des scénarios d’angoisse très
réalistes, je sais me rendre malade, me nouer l’estomac, me stresser, m’énerver,
me mettre les nerfs en pelote, ruminer des pensées délétères, … finalement m’empoisonner
la vie. En laissant cette litanie s’étirer, j’éprouve l’immense puissance de
mes pensées et de mes émotions.
Or, ces émotions, mon esprit peut les susciter,
les cultiver à volonté. Il n’y a aucune tyrannie des émotions : je peux
les réguler à loisir. Par exemple, ce dont je m’afflige, je peux tout aussi
bien décider de m’en réjouir. Si je suis spontanément jaloux de mon
voisin qui vient de gagner au loto et que je m’en ronge les sangs, il ne tient
qu’à moi de me réjouir de sa réussite. Ma
réaction, mon émotion m’appartiennent. Si je me blesse avec telle critique
qui m’est adressée, libre à moi de m’effondrer et de me croire une victime ;
libre à moi aussi de me réjouir de l’information qui m’est donnée et de l’occasion
qui m’est offerte de développer de la bienveillance envers cette personne qui
se fait du tort plus surement à elle qu’elle ne croit m’en faire à moi. Qui
peut blesser celui qui décide de ne pas l’être ?
Qu’est que je gagne à cette permutation ?
Une joie profonde, une détente
intérieure, un ineffable sentiment de liberté. Qu’est-ce que j’y perds ? Un
statut de victime et un peu de malheur aussi ? Au fond, qu’est-ce que je
veux ?
Quand j’ai conscience du pouvoir dont
je dispose, je peux alors reprogrammer mes comportements : je peux décider
de prendre plaisir à m’exprimer en public, je peux décider de me réjouir de payer
des impôts, je peux m’épanouir en faisant du bien aux autres… Il suffit pour
cela de changer de point de vue, de Weltanschauung
comme disent les Romantiques allemands. Et cette liberté j’en dispose
pleinement.
Bien sûr, cela ne se fait pas en
claquant des doigts : c’est une discipline de l’esprit, mais une discipline
vraiment utile. De même qu’on étoffe un muscle en faisant quelques tractions chaque
semaine, on peut assouplir l’esprit, le rendre plus malléable, plus créatif,
plus protecteur, et en faire véritablement un
guérisseur.
Que faire concrètement ? De façon
très simple : au lieu de cultiver des émotions causes de souffrance, je
vais cultiver des émotions cause de bien-être et d’épanouissement.
Je vais ainsi générer dans mon esprit et ressentir dans mon cœur une des émotions
merveilleuses qui soignent. Par exemple, si je me dévalorise facilement, je
vais me réjouir d’être une personne et mieux reconnaitre les qualités inhérentes
à tout être humain ; si je suis aisément mécontent, insatisfait, grognon, je
vais décider de me réjouir de ma situation présente et développer, jour
après jour, le contentement ; si je suis facilement rongé par la jalousie,
je vais décider de me réjouir du succès d’autrui ; si j’ai tendance à me centrer
un peu trop sur mes misères, mes problèmes, je vais tourner mon regard vers
autrui, m’oublier en m’intéressant aux autres, en générant l’amour et l’altruisme.
Quand j’ai pris dans mon esprit la
décision de cultiver telle ou telle émotion thérapeutique, il se peut que je ne
ressente rien au départ. Si ma souffrance intérieure est vraiment très importante,
il est possible que je ne puisse momentanément plus générer en moi ni la joie, ni
l’amour, ni l’altruisme. Comment alors reprendre
contact ? En ravivant le passé. Pas pour se morfondre, pas par gout de la
nostalgie, mais pour en tirer une flamme. Malgré ma vie présente, si
épouvantable soit-elle, j’ai nécessairement connu par le passé un moment de bonheur
où j’ai fait l’expérience de la joie, où j’ai partagé l’amour, où j’ai aspiré
au bien d' autrui.
Comme je l’ai connu, je l’ai en mémoire,
et c’est une source vive. Pour faire revivre en moi l’altruisme, il me suffit alors de me souvenir de la
dame âgée qui était tombée et que j’ai aidée à se relever, de raviver la parole
bienveillante que j’ai prononcée tel jour, ou revoir l’oiseau blessé, tombé du nid,
que j’ai soigné … C’est finalement bien simple. Nous avons tous cela en nous,
comme un commerçant possède des marchandises en stock et il nous suffit
d’aller y puiser. En ravivant le souvenir de telle scène de ma vie, je renoue
instantanément avec l’émotion bénéfique
qui la portait. Il ne reste plus ensuite qu’à lui laisser plus de place dans
mon cœur.
Cette émotion, je souffle dessus comme
le forgeron attise le tison dans sa forge : je nourris cette pointe pour qu’elle devienne un grand feu.
Progressivement, l’idée de générer telle émotion, qui avait pris naissance dans
mon esprit, s’épanouit dans mon cœur.
Quelques instants auparavant, mon
esprit pouvait être la proie de la crainte, de la jalousie ou de la vindicte. Et,
d’un seul coup, cette émotion destructrice s’évanouit pour laisser place à
l’émotion bienveillante. Car il n’y a pas de place en même temps pour le remède
et le poison, ils ne peuvent cohabiter ensemble : l’apparition du remède
vient aussitôt dissiper le poison. Voilà pourquoi on ne s’applique pas à combattre ce qui ne va pas : nourrir un
tel combat, prétendre chasser le mal-être, ce serait encore touiller, creuser, cultiver
secrètement le malheur. D’ailleurs, on ne cherche pas à vider une pièce sombre
des ténèbres qui y règnent : on allume simplement la lumière ! Eh
bien, je m’entraine à cultiver ce qui est positif plutôt qu’à lutter contre ce
qui est négatif : le mal c’est déjà le combat lui-même - et le seul mot Yoga (Union, en sanskrit) nous l’enseigne.
Parfois, on pourrait être tenté de se
dire : « je me suis fourvoyé depuis si longtemps que cela ne vaut pas
la peine de changer ; il me reste trop peu de temps à vivre, cela n’aurait
pas grand effet ». C’est une erreur : même si j’ai nourri des
émotions négatives pendant de longues années – comme ces vieilles haines entre
familles, ces vendettas transmises depuis tellement longtemps qu’on ne sait parfois
plus pourquoi il faudrait haïr, mais on continue, par obéissance - même si j'en suis un peu honteux, je peux à tout instant inverser la tendance. Même si une
pièce est demeurée dans le noir pendant des siècles, il me suffit d’allumer la
lumière pour qu’en un instant tout soit changé, tout devienne radieux. Tant que
l’on est en vie, jusqu’à la dernière seconde, on peut changer et donner une
autre orientation à nos pensées, à nos émotions, à notre vie, et guérir. Et parfois,
s’il n’est plus envisageable de guérir le corps – nul n’est immortel ! - la
guérison de l’esprit demeure possible ; et, à bien y réfléchir, c’est cela
le plus précieux.
Voilà donc l’élément clef de cette
pratique : laisser l’émotion bénéfique s’installer fermement en soi, lui permettre de se stabiliser, la sentir irradier en mon cœur, irriguer tout mon être.
Quand je parviens à cela, je peux alors compléter ma pratique et l’enrichir d’une
visualisation : à l’inspiration, je vois un air d’une très belle couleur
verte qui pénètre par mes narines, circule dans les deux canaux qui longent ma
colonne et descend jusqu’au périnée. A l’expiration, je vois un air de couleur noirâtre,
abjecte, repoussante qui s’élève par le canal central, à l’intérieur de ma
colonne vertébrale, avec la sensation que je me libère de tout ce qui est
négatif par le sommet du crâne. Je répète plusieurs fois ce cycle et, de cette façon,
je me purifie.
Conclusion
Quelle est-elle donc l’essence du
Yoga ? Une attitude corporelle juste, une respiration régulée, un esprit
concentré, des émotions bénéfiques dont je favorise l’élévation : la
pratique du Yoga devient alors véritablement consistante et de nature à nous
libérer de nos obstacles physiques, énergétiques et mentaux.
A la relecture de cet article, je m’aperçois
à quel point j’ai fait usage de l’adjectif « simple » : la pratique
du Yoga est fondamentalement simple à
comprendre et simple à mettre en œuvre.
Pourquoi est-ce donc finalement si difficile ? Parce que l’enseignement
du Yoga se heurte à des habitudes acquises et à des principes qui ne sont pas
ceux les plus largement partagés dans notre société.
Les Yogis en Inde s’affranchissent du
cadre des castes qui enserre encore la société contemporaine : en s’engageant
dans la voie du Yoga, l’adepte sort instantanément du carcan de sa caste sociale d’origine.
Pratiquer le Yoga c’est choisir de
mener une vie libre et heureuse. De cela, à toute époque et en tous lieux, les êtres
humains ont eu besoin.
christianledain@wanadoo.fr
N'hésitez pas à m'écrire : je lis toujours et prends en compte du mieux possible.
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