Soigner une personne à distance


Il n’est rien de plus douloureux que d’être touché par la souffrance d’autrui et de se sentir démuni, impuissant, incapable de rien faire.

Bien sûr, on pourrait imaginer qu’il suffit alors de s’endurcir, de devenir indifférent pour se sentir  épargné. Mais cela n’aurait pas d’efficacité réelle : comment pourrait- on être heureux seul, alors que les autres êtres seraient plongés dans la souffrance ?

La solution consiste donc à agir pour le bien d’autrui. Heureusement,  le Yoga nous offre une technique formidable, à la fois simple, puissante et rapide pour nous permettre de soulager autrui. Cette technique consiste à transmettre notre énergie vitale.

Comme le Yoga nous l’apprend, l’énergie vitale, appelée Prana, est maitrisée par l’esprit. Les nombreuses pratiques de Pranayama nous permettent ainsi d’emmagasiner le Prana présent dans l’air que nous inspirons, de le répartir dans notre corps subtil et de le transférer à volonté.

Pour accomplir une pratique si excellente il convient de réunir plusieurs conditions extrêmement simples avec lesquelles vous êtes déjà familiarisés.

. La posture juste

Il est nécessaire de s’installer en posture méditative car ce n’est qu’à cette condition que l’énergie peut être distribuée harmonieusement dans les milliers de canaux de notre corps subtil et que notre esprit peut être maitrisé.

Il convient ensuite de réunir trois forces.

. La force de l’amour altruiste.

Nous sommes touchés par la souffrance d’autrui ; elle nous est insupportable. Cette sensibilité à la vie d’autrui, loin de constituer un handicap dont il faudrait se débarrasser en devenant « dur », constitue une haute qualité morale que les Yogis ne cessent de développer. La première phase du Yoga, Yama, qui regroupe différentes prescriptions, enjoint de développer Ahimsa, la non-violence. Par-delà la simple abstention de tuer, ou simplement de nuire, il s’agit d’accomplir un flot d’actions vertueuses consacrées au bien d’autrui.

Les Yogis s’entrainent donc constamment à développer l’amour des autres êtres afin de leur porter secours.

Comme nous sommes peu entrainés pour le moment, nous allons tourner notre esprit vers une personne qui nous est spontanément chère. Nous savons que cette personne ne se porte pas bien sur le plan physique,   ou mental, ou bien les deux à la fois.  Quand nous aurons plus développé les qualités de notre esprit, il nous sera possible alors d’envelopper de notre bienveillance des êtres qui nous paraissent plus neutres, voire même hostiles. Mais, un tel élargissement de notre esprit suppose d’avoir préalablement intégré la loi de causalité, ce qui n’est peut- être pas encore le cas.

. La force de la concentration

Nous nous représentons la personne devant nous, même si savons qu’elle se trouve géographiquement à des centaines de kilomètres. Les contingences physiques, par définition, ne peuvent constituer des obstacles à la circulation de l’énergie qui peut traverser l’espace en un instant. Nous pouvons nous représenter cette personne assise ou allongée, cela n’a pas d’impact sur le soin. Nous devons garder l’image de cette personne bien stable en mémoire.

. La force de la technique

Nous allons envoyer notre énergie durant notre expiration en mettant en œuvre une respiration particulière qui comprend une phase de rétention de souffle, poumons pleins, nommée Kumbhaka.  Cette respiration se décompose  ainsi : 2- 8 -4 . Il faut ainsi compter 2 temps lors de l’inspiration, puis retenir le souffle durant huit temps et expirer durant quatre temps.  A l’occasion de l’inspiration nous prenons l’énergie vitale qui est dans l’air ; puis, au cours de la rétention, nous canalisons cette énergie au niveau du centre du cœur (anahata chakra) ; enfin, lors de l’expiration nous envoyons cette énergie en visualisant des rayons de lumière jaunes qui partent de notre cœur et parviennent instantanément à l’autre personne. Nous voyons, à l’expression de son visage, que cette énergie lui fait du bien, nous ressentons qu’elle se sent soulagée, apaisée, soignée. Générer un tel sentiment est indispensable pour l’efficacité du soin.

Il est souhaitable d’accomplir cette pratique durant cinq minutes pour commencer, afin de nous familiariser et de préserver un esprit bien concentré. Plus tard,  quand nous serons plus entrainés, nous pourrons agir pendant un quart d’heure.

Il est nécessaire, après avoir envoyé l’énergie, de reconstituer notre stock, de recharger nos batteries. C’est pourquoi  nous devons continuer à prendre quelques respirations particulières avec Kumbhaka (rétention poumon pleins), mais sans plus émettre de rayons lumineux. Nous pensons que le Prana que nous emmagasinons au niveau du chakra du cœur lors de la rétention de souffle, se trouve ensuite diffusé dans tous les canaux de notre corps subtil au moment de l’expiration. Ce temps pendant lequel nous rechargeons nos accumulateurs sera égal à la moitié du temps que nous avions consacré à émettre l’énergie vers l’autre personne.

CONCLUSION

Cette pratique est excellente car elle va vous permettre de soulager la souffrance d’autrui. Elle nous aide ainsi à développer un amour authentique à l’égard des êtres. Elle constitue aussi une aide précieuse pour développer la concentration. Enfin, elle constitue l’armure la plus puissante qu’on puisse revêtir pour se protéger : en prenant soin d’autrui, on prend soin de soi, ce que la loi du karma nous enseigne.

Christian Ledain