HISTOIRE TANTRIQUE



Une personne de notre club de Yoga m’a demandé une phrase sur laquelle méditer en cette période de congés de Noël. J’ai pensé à vous raconter une histoire traditionnelle indienne pleinement révélatrice de l’esprit du Tantra. Peut-être la connaissez vous déjà, si vous êtes allé en Inde. Mais, peu importe, car le but n’est pas de connaître le récit, mais d’en intégrer la signification au quotidien.
Dans le Nord de l’Inde, un village se trouvait menacé par la sécheresse. Depuis des mois l’eau n’était pas tombée et la mousson tardait désespérément à venir. L’herbe était sèche, les troupeaux déclinaient chaque jour un peu plus et la famine s’approchait rapidement. Aussi le chef du village décida de faire venir un saint homme auquel on prêtait des pouvoirs merveilleux, des siddhis. Un jeune homme partit dans la montagne en quête d’un de ces sâdhus errants. Quelques jours plus tard il revint avec un Yogi à la barbe hirsute, le corps recouvert de cendres et vêtu simplement d’un pagne.
Le chef vint à sa rencontre et lui demanda de faire venir la pluie afin que tous ne meurt pas. Le sâdhu accepta, demandant simplement une hutte isolée et qu’on le laissa en paix. Le Yogi s’assit et entra alors en méditation.
Les jours commencèrent à s’écouler lentement. Au bout du troisième jour le ciel restait toujours désespérément bleu. Les habitants commencèrent alors à murmurer et à s’interroger. Certains doutaient des capacités du Yogi. D’autres se résignaient à une fin prochaine, convaincus d’avoir commis de graves fautes en d’autres vies. Enfin, le quatrième jour de petits nuages pointèrent à l’horizon et le ciel sombre creva bientôt. La pluie inonda les champs et tout le monde était joyeux et courait dans l’eau.

Intrigué par le pouvoir si puissant du Yogi, le chef vint le trouver et le questionna : - " Mais enfin, comment vous y êtes vous pris ? " lui demanda-t-il admiratif. Le sâdhu lui répondit simplement: - " En vérité, je n’ai rien fait. J’ai constaté que la pluie ne tombait plus et j’en ai déduit que le désordre régnait ici. J’ai donc rétabli l’harmonie en moi, et, ce faisant, j’ai permis à l’harmonie de s’étendre à nouveau ici. Le monde fonctionne ainsi. "

Cet esprit du Tantra se retrouve au cœur de la pratique du Yoga, du Shivaïsme, ainsi que du bouddhisme Vajrayana et du Reiki, pour ne citer que les disciplines que je connais. Ainsi, le Yoga ne s’apprend pas : il convient simplement de lui laisser la place de se manifester à travers nous. Peut-être vous est-il d’ailleurs arrivé, comme à moi, de prendre spontanément telle attitude, que vous n’aurez vu nulle part, et de découvrir ensuite qu’il s’agit dune posture traditionnelle.


Quand je me suis occupé avec le Reiki de mon neveu plongé dans le coma, en réalité je ne lui ai rien envoyé du tout. Simplement, je me suis mis en relation, grâce au reiki, avec l’état de santé fondamental présent en tout être. Et j’ai alors permis à mon neveu, situé à mille kilomètres, d’entrer en résonance avec cet état fondamental. L’approche tantrique du monde est plus une question d’ " être " que de " faire ".
Cela paraît toujours un peu " chinois " à notre esprit ordinaire étriqué. Pourtant les choses sont ainsi. C’est d’ailleurs pour cela qu’ existent des initiations qui permettent d’accéder à un niveau de conscience plus large et plus profond.


Bonne méditation et bonnes fêtes de fin d’année !

SURYANAMASKAR - LA SALUTATION AU SOLEIL

La Salutation au soleil ( Suryanamaskar, en sanskrit) constitue l'une des pratiques les plus célèbres du Hatha yoga. C'est un exercice non seulement corporel et énergétique qui procure une excellente santé mentale et psychique, mais c'est aussi une pratique spirituelle et un support de méditation puissant. Ceci explique que certains Yogis la pratiquent quotidiennement jusqu'à 300 fois par jour !
La Salutation au soleil constitue un enchainement élaboré de plusieurs postures. Il en existe différentes variantes, plus ou moins complexes. L'enchainement le plus répandu dans l'Inde du Nord est celui diffusé par Swami Shivananda et ses disciples; il comprend douze postures. 
Cet ensemble de postures constitue une composition qui, en soi, est complète et parfaite. Voilà pourquoi pour certains adeptes, elle représente une véritable sadhana, une pratique, une discipline quotidienne. Il serait ainsi possible de  progresser sur la voie du Yoga en se consacrant essentiellement à cet enchainement.
Selon la nature de votre motivation, vous pourrez recueillir des bienfaits extrêmement variés de cette pratique : développement de la souplesse, obtention d'une musculature harmonieuse, bon fonctionnement de votre corps, stabilité et clarté de votre esprit.
Pour un Occidental, qui n'a pas pour préoccupation de mettre rapidement fin au cycle de ses renaissances (!), une pratique tout à fait sage et accessible consiste à effectuer 10 fois par jour cette salutation au soleil. Ma première enseignante de Hatha Yoga, Maud Forget, donnait cette prescription à ses élèves : " Pratiquez Suryanamaskar dix fois par jour, chaque matin. Cela vous prendra cinq minutes et vous vivrez dix ans de plus, tout en paraissant dix ans de moins".
Plusieurs personnes qui souhaitent apprivoiser cette salutation au soleil m'ont demandé, depuis septembre dernier, de présenter sur ce site les différentes postures qui la compose. Je me suis donc mis à la tâche et j'ai dessiné les 12 postures qui correspondent à la variante classique que nous mettons en œuvre à chaque cours. J'espère que l'ensemble vous aidera et que vous serez sensible à l'élégance du maillot de bain que porte l'Appolon ci-dessous !


posture 1



posture 2


posture 3


posture 4



posture 5



posture 6


posture 7



posture 8




posture 9



posture 10




posture 11



posture 12




Je vous renvoie au cours collectif pour tous les détails qui concernent cette salutation. Ayez toutefois à l'esprit qu'aucun enseignement extérieur ne remplacera votre expérience directe : effectuez une centaine de salutations d'affilée et vous apprendrez ainsi de vous-même ! Car le Yoga est en chacun de nous et ne demande qu' à se qu'on lui laisse l'espace pour se manifester.
Personnellement, je la pratique depuis 25 ans et je découvre régulièrement quelques "pépites" à coté desquelles j'étais jusqu'alors passé .
J'espère, de tout coeur, que cet article vous sera utile pour progresser.

Christian LEDAIN
christianledain@wanadoo.fr

Comment aider une personne souffrante

Mon neveu, Kévin Steinmassl

Je souhaite présenter ici, à travers une histoire personnelle, deux moyens puissants d’aider une personne qui en a vraiment besoin. Car nous sommes tous confrontés à la souffrance d’autrui et elle nous apparaît d’autant plus intolérable que nous nous sentons impuissants.
Kévin, mon neveu, est tombé d’un arbre, le mardi 22 septembre 2009, vers 6h00 du matin. Une chute de 9 mètres. Transporté d’urgence de l’autre coté de la frontière allemande, au Landeskrankenhaus de Salzbourg, les médecins ont vite dressé la liste des dégâts : fractures multiples : orbites, clavicule, épaule, côtes, bassin. Mais tout cela est apparu, somme toute, secondaire, en comparaison de l’hématome au foie et de l’épanchement de sang au cerveau.
Passé le choc de la nouvelle, je me suis remémoré un enseignement vigoureux du Dalaï lama : " Quand cinquante mille personnes du clan des Sâkya furent tuées en une seule journée, le bouddha Sâkyamuni, qui faisait partie du même clan, n’en éprouva aucune souffrance. Il était appuyé contre un arbre et il dit : " je me sens un peu triste aujourd’hui car cinquante mille personnes de mon clan ont été tuées ". Mais lui-même n’était pas affecté. C’était la cause et l’effet de leur karma. Il n’y avait rien à faire. "( Samsara, S.S Le Dalaï Lama, édition du Pré aux Clercs, 1996).
Ce souvenir en tête, j’ai refusé de me laisser plomber. Pas d’attachement à la souffrance, ni à la mort.
Les médecins ont, quelques heures plus tard, plongé Kévin dans un coma artificiel. Au cours des jours suivants, un bulletin de santé, toujours le même, s’est imposé avec insistance : " Situation stationnaire. Tout peut arriver. Il faut attendre ".
Je me suis alors mis à œuvrer pour mon neveu avec toute mon énergie. Je me suis centré sur ce qui m’apparaissait le plus efficace : la pratique du reiki à distance.
Quand la vie d’un être cher est en danger, les doutes sont pulvérisés, volent en éclat. En quelques jours, face à l’urgence, ma pratique s’est concentrée considérablement. J’ai condensé le chemin parcouru ces cinq dernières années.
Je vais maintenant à l’essentiel, tout est clair. Je m’imagine auprès de Kévin; j’y suis. Je me relie à la partie en moi qui est saine et qui veut de tout cœur la guérison de mon neveu. Puis je trace les symboles qui m’ont été transmis en me reliant à leur signification profonde. Je prends contact avec la nature transcendante en moi : Esprit saint ou encore nature du Bouddha. Puis, je génère l’affection inconditionnelle, la compassion envers Kévin; ces émotions s’élèvent en moi comme un grand feu. Enfin, je prends contact avec la nature transcendante présente en mon neveu. Dans mon esprit, il n’y a aucun doute.
J’entre alors vraiment en moi-même. Je descends dans des profondeurs, lentement. A un moment donné je capte quelque chose : je suis sur la fréquence de Kévin. Je m’immobilise. Quelque chose circule entre nous dans les abysses. L’énergie passe. Puis, cela suffit. Je reviens alors à moi instantanément, comme un dormeur tiré de son rêve. Ce que j’ai vécu en dehors du temps a pu durer une demi-heure ou trois-quart d’heure.
Ma sœur Catherine, partie pour Salzbourg le jour même de l’accident, m’avait dit : " En fin de semaine, on y verra sans doute plus clair ". Nous sommes aujourd’hui vendredi et je sens mon neveu sur le fil de crête : à tout moment, il peut basculer du coté de la vie ou de l’autre. C’est décidé, je pars. Lever à 05h30, pour la gare de l’Est. L’action m’a délivré aussitôt de l’angoisse. Je sais que des moyens me seront donnés au fur et à mesure. Je n’ai aucun doute la dessus. Je préviens ma sœur aînée de mon arrivée par téléphone. " - Mais, Kévin n’est pas réveillé ! " me dit elle. " - Justement, c’est pour cela que je viens ", lui dis-je.
Onze heures de train : juste ce qu’il faut pour me remémorer des bases d’ allemand et pratiquer le reiki. Durant le trajet apparaissent des phénomènes nouveaux : je suis pris de douleurs abdominales violentes. Dès que j’interromps les soins de reiki, la douleur cesse. Ces douleurs ne m’appartiennent donc pas. Les poisons administrés à Kévin pour le maintenir dans le coma ont pour effet secondaire de polluer son organisme. Un travail de nettoyage est en cours, grâce au reiki, et cela passe à travers moi. Cette douleur sera présente encore deux jours, puis disparaîtra complètement.
Dans le train, une image ne cesse de s’imposer à moi : je vois un vieux sous-marin soviétique. Il est dans une eau blafarde, sale et triste – plutôt bizarre pour une eau, mais c’est ainsi. Le sous-marin perdu dans les profondeurs vient de bouger. J’entends ses parois grincer. C’est vraiment un vieux modèle ! Je perçois aussi des bruits sourds. Il bouge, lentement, très lentement et amorce sa remontée vers la surface.
Une fois arrivé à l’hôpital, je renonce à faire un soin à Kévin. C’est inutile, j’ai déjà largement agi à distance; et puis, je ne veux pas perturber le fonctionnement de toute la batterie d’appareils qui travaillent autour de lui et qui lui sont reliés par un grand nombre de fils, de tubes et de tuyaux bariolés. Chacun fait ce qu’il a à faire et je ne veux pas perturber le travail de toutes ces machines. D’ailleurs, nous n’agissons pas au même niveau, ce qui nous rend totalement complémentaires.
Allongé sur son lit, immobile, Kévin me paraît tellement proche et pourtant si lointain, enfoncé dans son sommeil. Lointain, mais pas absent. Je le reconnais bien là ! Je sais qu’une partie de lui entend ce que je lui dis et qu’il sait que je suis là pour lui. Tandis que je parle à Kévin et lui caresse affectueusement le bras, l’indicateur de pression sanguine passe de 11 à 16. La machine bipe alors. L’infirmière vient, appuie sur un bouton, me regarde, puis repart. Cet après-midi là, elle s’est bien déplacée six fois !

Je reste à Badereichenhal jusqu’au dimanche soir et reprends un train de nuit pour Paris. Les voyages sont toujours des processus que je vis intensément. Ce sont des entre-deux, toujours excitants : l’ordonnancement habituel des choses se trouve bousculé et je dois alors témoigner de beaucoup d’efficacité dans l’action. Entre Salzbourg et Munich, je reprends les soins de reiki. Sitôt relié à l’énergie, je sens vraiment que quelqu’un se sert généreusement. Je me relie mentalement à mon neveu : " C’est toi, Kévin ? Vas-y, c’est de bon coeur ! " Tout se passe comme si la procédure de soin s’était raccourcie et contractée, allégée de tout formalisme. Mon neveu et moi nous sommes entendus, il est d’accord. Il tire maintenant presque plus vite que je n’avance. L’intention juste et la concentration me suffisent dès lors pour agir efficacement.
Mon rôle dans la pratique m’apparaît maintenant avec une clarté étincelante : je permets simplement à mon neveu de se relier à l’énergie de guérison qui est en lui. Le reiki n’est pas extérieur à lui, il nous relie l'un l'autre. Mon " moi ", dépourvu d’existence intrinsèque, autonome, n’existe qu’en relation avec autrui. J’expérimente profondément cette vérité dont j’avais reçu l’enseignement préalablement.
De retour à Paris, je pratique en aveugle : Kévin n’est plus là physiquement, mais son souvenir est très présent en moi. Cette image soutient ma concentration durant les soins. Kévin est toujours maintenu dans le coma artificiellement car ses réactions sont trop fortes, trop brutales quand il revient en surface. Les fractures se résorbent naturellement, lentement. Il a toujours une tige métallique fichée dans le crâne pour surveiller la pression. Le caillot de sang, devenu la cause centrale d’inquiétude, ne se résorbe toujours pas. "Etat stable. En réanimation tout peut arriver".
Lors des soins de reiki, je me concentre maintenant sur la région du cerveau et j’en ressens des maux de tête que je dissipe par la pratique du Pranayama. D'un coté, ces maux de tête me rassurent : quelque chose se passe qui doit alléger Kévin de sa souffrance. Mais, ils révèlent aussi que je suis un peu trop impliqué dans le soin : je veux trop que ça marche, je désire trop que mon neveu revienne à la conscience. Plus de détachement serait plus juste. J’aurai l’occasion de travailler cela plus tard.
Une chaîne de relation s’est formée autour de ma sœur aînée. Collègues de travail, amis, famille, les personnes se passent les informations, agissent comme ils peuvent et assurent un soutien. Parmi les collègues de travail, un homme, maître de reiki me contacte. " Cela confirme le principe : les praticiens reiki se reconnaissent entre eux " me dit-il. Une amie de mon neveu vient précisément de diffuser sur internet une photo de Kévin. Cette coïncidence tombe à pic. L'homme peut utiliser ce support et envoyer ainsi de l’énergie à mon neveu. Je lui parle de mes maux de tête et il me recommande de me laver les mains après chaque soin en les laissant sécher naturellement à l’air libre. J’adopte cette recommandation qui vient à point nommé. Et nous décidons de nous rencontrer prochainement pour échanger sur notre pratique.
Deux semaines après sa chute, Kévin poursuit sa remontée vers la surface. Il n’a plus de tube dans la bouche lui assurant une respiration artificielle. Il a bougé un doigt. Mes ses réactions sont encore trop vives au sevrage des médicaments. La partie droite de son corps, qui a reçu le choc, ne bouge pas. Y aura-t-il des séquelles ? Personne ne le sait. Je continue mon soutien, je l’accompagne. La patience est une Paramita, une perfection transcendante, à développer.

Kyentsé, notre fils de trois et demi, a demandé : "- Cousin Kévin est encore mort ? " "- Non !" lui ai-je dit.



Voilà comment aider une personne en difficulté avec le reiki. Mais tout le monde n’est pas initié au reiki et il existe d’autres moyens d’action, même si pour moi ce moyen est le plus puissant.
Les personnes qui ont une pratique sérieuse du hatha yoga peuvent aussi agir de façon remarquable. Celui qui fut mon professeur, Swami Shivananda, l’a brièvement exposée dans un ouvrage. Les praticiens reiki retrouveront une démarche qui leur est bien connue. En voici le cœur :

" LA GUERISON A DISTANCE "
On l’appelle aussi " traitement par l’absence de traitement ". Vous pouvez transmettre votre Prana ( l’énergie) à distance à un ami. Il faudra qu’il ait une attitude réceptive. Vous devez vous sentir en relation directe avec cette personne , avoir de la sympathie pour elle (…).
Convenez , par correspondance , d’une heure fixe de rendez-vous. Ecrivez lui :
" soyez prêt à 4h du matin . Ayez une attitude mentale réceptive. Etendez vous confortablement dans un fauteuil. Fermez les yeux. Je vais vous transmettre mon Prana. "
Dites mentalement au malade : " je vais te transmettre une réserve de prana. "
Ayez une image mentale du prana quittant votre corps, sentez qu’il traverse l’espace et entre dans le corps du malade. Le prana , lorsqu’il voyage est aussi invisible que les ondes radio et il flamboie comme l’éclair dans l’espace. Le prana coloré par les pensées du guérisseur est projeté dehors. Ceci demande une longue pratique , assidue et régulière. ( cf. " la science du pranayama ", par Swami Sivananda, édition du centre international de yoga Védanta, page 86 , chapitre : " guérison à distance ").


Ce chapitre date d’ une époque où internet n’existait pas et où le téléphone était encore peu déployé. Aussi, inspirez vous de l’esprit du texte pour mettre au point votre pratique personnelle. Et si 04heures du matin, c’est un peu tôt pour vous, choisissez une autre heure !

Après cette pratique il est possible de se sentir vidé en énergie. Dans ce cas, vous pourrez, par exemple, pratiquer Nadhi Shodana pour vous ressourcer.

Ayez confiance en vous. Si je vous fais part de cette pratique, c’est que je sais qu’elle vous est accessible.




christian LEDAIN, le 06 octobre 2009


SHALABASANA – LA SAUTERELLE - ANTI MAL DE DOS






A Sergian, chauffeur routier, que le mal de dos taraude


Les Occidentaux ont souvent mal au dos : sciatique, lombalgie, dos voûté…. Pourtant, nulle fatalité à cela. Car notre mode de vie inapproprié est bien souvent responsable de ces problèmes. A bien y regarder, la vie que nous faisons mener à notre dos n'est nullement réjouissante : à peine quitté le sommier du lit, notre dos doit s’appuyer sur le dossier du siège auto, puis se poser au bureau sur un nouveau dossier, pour finalement, le soir venu, s’affaler sur un divan moelleux ! Et je ne compte pas les heures passées devant l’ordinateur, où notre dos se retrouve voûté, tassé. A force de prétendre l’aider tout le temps, on l’affaiblit sans cesse. Jugé " grand incapable majeur ", notre dos est condamné à l’oisiveté, alors que lui ne rêve que d’action !


Pourtant, inutile de rejeter la vie moderne et de prendre votre planche à clous pour aller au travail, on ne manquerait pas de vous trouver " bizarre ". Mais, un peu d’exercice, oui ! Votre dos vous en sera reconnaissant.
Shalabasana est vraiment la posture souveraine contre le mal de dos. Prise régulièrement, elle vous aidera considérablement.


J’ai souffert violemment d’une sciatique dans la désert du Sahara, il y a cinq ans, suite à un déplacement mouvementé en bus. Dit comme cela, les choses semblaient très romantiques. Mais la réalité était nettement plus prosaïque : plaqué à plat ventre sur un lit, je ne pouvais plus bougé, tellement la douleur était vive. Après être resté trois heures à chercher le sommeil, en vain, j’ai demandé à mon épouse de me faire un soin de reiki; j’ai ainsi pu m’endormir rapidement sur le coup de minuit. A 07h00 du matin, nouveau placement de mains sur le bas de mon dos durant un quart d’heure, et j’ai ainsi pu me lever. Enfin, encore un peu de reiki dans la soirée, et j’ai pu reprendre une vie à peu près normale. Sauf que mon épouse a du mettre toute seule les valises dans le car et cela ne lui a vraiment pas plu du tout ! Depuis cet épisode, je pratique Shalabasana deux fois par semaine, plus par nécessité d'ailleurs que par goût !
Précision essentielle : les personnes qui ont mal au dos doivent s'abstenir de soulever les jambes. Les muscles doivent travailler, s'étoffer. Quand la musculature sera suffisamment renforcée, le dos sera alors protégé et les jambes tendues pourront être décollées légèrement.


Shalabasana signifie " posture de la sauterelle " en sanskrit. Ce nom nous donne une information précieuse sur la façon de prendre correctement la posture.
Commencez par vous allonger à plat ventre. Posez le front au sol, la nuque bien étirée. Ramenez les bras tendus le long du corps. Les paumes sont en contact avec le sol. Vous pliez légèrement les coudes et vous les rapprochez le plus possible l’un de l’autre. Tout comme la sauterelle prend de puissants appuis sur ses pattes pour bondir, vous prenez un appui très fort sur vos mains. Vous sollicitez ainsi vigoureusement la musculature du haut du dos.
Ensuite, faites comme si vous vouliez légèrement décoller du sol vos jambes tendues. Renoncez à vouloir monter haut et cherchez plutôt à dégager le bas de votre dos, comme si vous vouliez laisser un interstice entre la dernière vertèbre lombaire et votre sacrum. Laissez surtout le temps à la posture de travailler en vous, afin que vos muscles s’étoffent. Conserver la posture une minute, si vous le pouvez ; marquez une pause, puis recommencez.


Vous allez ressentir que cette posture renforce la musculature de tout votre dos, mais aussi des fessiers et de l’arrière des cuisses. Pour peu d’efforts, finalement un excellent rapport " coût / efficacité " !
Personnellement, il m’est souvent arrivé, en voyage, de pratiquer la posture directement sur le lit quand j'étais logé dans une chambre trop étroite. L’essentiel est de pratiquer et un peu de fantaisie n’est pas contre-indiquée !
Outre les bienfaits mentionnés plus haut, les effets bénéfiques de Shalabasana sont multiples. On citera notamment :


  • Un effet énergétique très puissant : la posture contribue à l’éveil de la Kundalini;

  • la régulation du système nerveux. En effet, Shalabasana favorise la bonne irrigation sanguine de la moelle épinière et des ganglions du système nerveux sympathique qui sont suractivés en cas de stress. Par ailleurs, les glandes surrénales se trouvent revitalisées ;

  • la stimulation du système digestif. Ainsi, le bon fonctionnement de l’ estomac, du foie, de la rate, du pancréas et des intestins se trouve favorisé. La posture est tout particulièrement recommandée en cas de diabète, de maux d’estomac (début d’ulcère), ou de trouble du transit intestinal;

  • l’ harmonisation du cycle menstruel féminin en cas de règles douloureuses, de dysménorrhée ou d’aménorrhée .


Comme vous pouvez le constater ce ne sont pas les bonnes raisons qui manquent pour pratiquer cette posture ! C’est ce qui explique qu’on considère traditionnellement Shalabasana comme une des douze postures fondamentales du Hatha yoga.

christian LEDAIN, professeur de Hatha yoga, maître initiateur de Reiki, sophrologue

christianledain@wanadoo.fr




YOGA-REIKI : TANTRISME (suite) L’UNION DE L’ENERGIE, DE LA SAGESSE ET DE LA SPIRITUALITE

Nous avons défini précédemment ce qu'est le tantrisme. Précisons maintenant en quoi le Reiki et le Hatha yoga constituent indiscutablement des pratiques d'origine tantrique.

Au coeur du tantrisme figure l'idée que trois composantes sont indissociablement unies : l'éveil de l'énergie, la sagesse et la spiritualité. Aucune pratique ne saurait valablement se réclamer du tantrisme sans l'articulation de ces trois aspects.

Pour l’adepte du tantrisme, appelé tantrika, le développement de l’énergie représente une quête essentielle, mais ne saurait constituer une fin en soi. Cette énergie supplémentaire, à laquelle accède le pratiquant, doit lui permettre de réaliser des actions remarquables tant par leur sagesse que par la spiritualité qui les inspire.
La sagesse du tantrika se développe grâce à l’enseignement qu’il reçoit de son maître. Ce maître lui dévoile progressivement la nature ultime des choses, masquée à l’esprit ordinaire par le jeu des apparences. Le tantrika accède ainsi à un champ de conscience plus vaste et plus profond.
La spiritualité qui anime le tantrika se révèle à travers la motivation de ses actes. Les paroles, les pensées et les actions corporelles du tantrika sont motivées par la recherche constante du bien d’autrui et de son bien propre. Cette motivation juste constitue une très grande source d’inspiration. Le tantrika sait ainsi que sa vie s’inscrit dans le cadre du Dharma, l’ordre harmonieux universel.
Energie, sagesse et spiritualité s’interpénètrent et se renforcent mutuellement. Ainsi, sans la sagesse et l’aspiration spirituelle, le développement de l’énergie ne conduirait le tantrika qu’à une vaine gesticulation et à la réalisation d’actes dérisoires. Réciproquement, sans cette énergie étonnante que canalise le tantrika, ses réalisations manqueraient de puissance et demeureraient embryonnaires.
La sagesse confère donc la connaissance de la vérité. La spiritualité inspire les actes bénéfiques. Et l’énergie fournit au tantrika des moyens hors du commun. Voilà pourquoi le tantrika développe de concert sagesse, spiritualité et énergie.
Cette triple unité se retrouve au cœur même de la pratique du Hatha Yoga et du Reiki.
  1. Energie, sagesse et spiritualité dans le hatha yoga

    - Sagesse et spiritualité

Patanjali dans les Yoga sutras distingue huit aspects de la pratique, d’où le nom d’ Ashtanga Yoga (Yoga en huit membres) donné à cette discipline. Ces étapes sont présentées dans un ordre précis : Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana et Samadhi. Cet ordre suggère ainsi un véritable cheminement de l’adepte. C'est pourquoi, traditionnellement, en Inde, la pratique des postures (asana) n’est abordée que lorsque le maître (Guru, en sanskrit) s’est assuré que l’impétrant présente toutes les qualités morales requises pour cette discipline royale qu’est le Yoga. En d’autres termes, le futur disciple doit d’abord " montrer patte blanche " avant de suivre l’enseignement. Le maître s’assure ainsi que le futur adepte est inspiré par le bien d’autrui (Ahimsa), qu’il cultive la générosité (Aparigraha), la sérénité, la dévotion et étudie avec enthousiasme les textes sacrés. Toutes ces dispositions sont incluses dans les deux premières étapes de l’Ashtanga Yoga : Yama (les réfrènements) et Niyama (les prescriptions).
Après s’être ainsi assuré de la valeur intrinsèque de son élève, le maître commence son enseignement proprement dit. Et tout au long de celui-ci, les pratiques vertueuses citées précédemment seront renforcées jusqu’à ce que leur mise en œuvre deviennent naturelle et ne pose plus aucune difficulté au disciple.

- Le déploiement de l’énergie

Dans la pratique du Hatha yoga, le développement de l’énergie se fait de façon progressive, plus douce que dans le Reiki. L’adepte, grâce à la pratique du Pranayama, puise de l’énergie (Prana) dans l’air qu’il inhale, la nourriture qu’il ingère et les rayons solaires qu’il reçoit. Par ailleurs, l’élève éveille progressivement en lui la Kundalini, cette énergie qui sommeille en chaque être humain et qui ne demande qu’à être activée. Le Yogi parvient ainsi à développer progressivement des " pouvoirs merveilleux " (siddhis, en sanskrit), inaccessibles aux non-pratiquants. L’adepte du Yoga voit ainsi se développer en lui des qualités remarquables telles que la claire-audition, la clairvoyance, voire même des aptitudes qui semblent défier le sens commun : la lévitation, ou encore la capacité à être présent à plusieurs endroits en même temps. Personnellement, mon expérience ne m’a pas encore permis d’expérimenter ces deux dernières !
L’émergence de ces siddhis ne constitue pas un but en soi. Le développement de cette puissance doit toujours être canalisé par la sagesse et la spiritualité. On ne doit ainsi jamais s’ enorgueillir de l' apparition de ces siddhis, ou en faire un usage incorrect. L’avertissement est d’ailleurs sans appel : selon la loi du karma, celui qui fait un mésusage de ces siddhis devra inéluctablement faire face aux conséquences négatives de ses actes et mieux aurait valu pour lui ne jamais s’engager dans la voie du hatha yoga ! Les apprentis sorciers et les personnes mal intentionnées sont ainsi prévenues !



2. Energie, sagesse et spiritualité dans le Reiki





- énergie et spiritualité



Le mot japonais Reiki est composé de deux idéogrammes. Celui du bas désigne l’énergie primordiale et fondamentale de l’univers, présente partout, y compris dans l’être humain (Ki). Le premier idéogramme précise la nature sacrée (Rei) de cette énergie. Reiki peut ainsi se traduire par " énergie sacrée qui anime toute forme de vie ". Dans un raccourci simplificateur, on traduit souvent Reiki par " énergie universelle de vie ", mais l’aspect spirituel de cette énergie constitue sa nature fondamentale. C’est la nature transcendante du reiki qui permet à cette énergie d’agir sur l'ensemble de la personne : le corps, l’esprit et l'âme.
Nous avons dit que, dans la pratique du Hatha yoga, l'éveil de l’énergie se fait de façon douce, progressive. Il en va différemment dans le reiki où la progression se fait par véritables "bonds" à l'occasion des rituels d'initiation. Chacun de ces sauts correspondant à un niveau d’initiation particulier (1er, 2e, maître praticien, maître initiateur). Ainsi, lorsqu' une personne reçoit le 1er niveau d’initiation, elle canalise alors une énergie considérable, inaccessible jusqu'alors, et qu’elle peut transmettre, à loisir, par imposition des mains.

Cet aspect différencie le travail du praticien reiki de celui d'un magnétiseur : le magnétiseur transmet l’énergie qu’il possède en réserve en lui. Lorsque ce stock est épuisé, il doit s’arrêter et se reposer. Pour le pratiquant reiki l'énergie qu'il canalise est inépuisable, c'est l'énergie universelle qu'il se borne simplement à canaliser. Il la transmet ainsi à volonté et sans se fatiguer. Les deux processus sont donc très différents.

Nous avons dit que le reiki constitue, par essence, une énergie sacrée. Cette dimension spirituelle se retrouve lors de la pratique concrète du soin. Ainsi, le praticien doit toujours être inspiré par une juste motivation : s’aider soi-même (dans le cadre d’un auto-traitement) et aider autrui (soin fait à une autre personne). Cette motivation pure constitue d’ailleurs le coeur de la pratique, tandis que l'aspect technique du Reiki (savoir où placer les mains) est secondaire. En d'autres termes, lorsque l'on veut vraiment aider quelqu'un ou prendre soin de soi, l'énergie circule instantanément, va là où elle doit aller et le praticien sait, par intuition, où placer ses mains. Il s'agit d'une réalité que l'on expérimente dans la pratique dès lors qu'on lève un peu les oeillères de notre esprit.

- la sagesse

Comme nous aurons l'occasion de l'approfondir dans un prochain article, le rituel initiatique, qui donne accès à un niveau d'énergie plus important, s'accompagne d'un enseignement qui permet à l'initié d'utiliser cette énergie dans les meilleures conditions .


On voit ainsi que le Hatha Yoga et le Reiki unissent en leur discipline trois aspects fondamentaux : l'éveil de l'énergie, le développement de la sagesse et l'aspiration spirituelle, lesquels sont indissociablement unis dans toute pratique tantrique.

YOGA - REIKI : UNE SOURCE COMMUNE, LE TANTRISME

Hatha yoga et Reiki constituent deux disciplines qui puisent leurs racines dans l'enseignement tantrique. Aussi, pour clarifier la nature profonde du Hatha Yoga et du Reiki est-il indispensable de clarifier la notion de tantrisme.
Les Occidentaux en ont bien souvent une approche erronée puisqu’ils l'assimilent à une sexualité débridée. S’il existe bien des pratiques sexuelles dans une école du tantrisme hindou ( Vamacara, ou Voie de la main gauche), en revanche, elles ne constituent pas le cœur de l’enseignement. Par ailleurs, ces pratiques reposent sur une maîtrise de soi qualifiée d’ " héroïque ", ce qui est de nature à refroidir certains enthousiasmes excessifs !

Le tantrisme constitue un ensemble de doctrines et de pratiques exposées dans des textes appelés " tantra ". Vous me direz qu’avec une telle définition nous n’avons pas beaucoup progressé ! Le mot sanskrit " tantra " désigne ordinairement la chaîne, la trame d’un tissu ou d’un tapis. Ainsi, lorsque nous contemplons un tapis, nous sommes spontanément sensibles à la magnificence des couleurs, à la richesse des motifs, à la douceur de la laine. Mais, si nous retournons ce tapis, nous découvrons que toutes ces perceptions sensorielles se fondent un réseau de fils qui s’entrecroisent dans un maillage serré. Ainsi, derrière l’apparence des phénomènes se cache leur réalité profonde. On comprend, dès lors, que le tantrisme se propose d'atteindre deux objectifs : d'une part, dévoiler la nature ultime des choses qui échappe à notre esprit obscurci, d'autre part, présenter à l’adepte un ensemble de pratiques qui lui permettront de progresser sur le chemin de sa réalisation.

D’un point de vue historique, les tantra constituent des textes relativement récents puisqu’ils apparaissent à partir de l’an + 350 de notre ère. Bien sûr, le savoir qu’ils consignent est bien antérieur et remonte à l’antiquité. Le tantrisme serait ainsi apparu vers - 3000 ans av JC, dans la vallée de l’Indus (civilisations de Mohenjo Daro et de Harappa).
A partir du IVe siècle, certains maîtres ont, sans doute, jugé nécessaire de conserver par écrit un enseignement dont la transmission risquait de se perdre. Cependant, la communication directe, de maître à disciple, demeure une donnée fondamentale de la tradition tantrique puisque le souffle transmet directement l’ énergie d’esprit à esprit.

Né à la frontière de l’Inde et du Pakistan, le mouvement tantrique aurait ensuite irrigué toute la pensée indienne et imprégné profondément des courants de pensée aussi divers que le Yoga, le Védanta, le Bouddhisme et le Jaïnisme. A leur tour, ces doctrines auraient diffusé l’essence du Tantra en dehors des frontières de l’Inde, vers le Tibet, la Mongolie, la Chine et le Japon.

Plusieurs traditions philosophiques et spirituelles vivantes se réclament du tantrisme. On citera notamment le bouddhisme tibétain Vajrayana, le bouddhisme japonais Shingon ( école des mantras secrets qui aurait influencé fortement Mikao Usui, le fondateur du Reiki), ou encore l’école shivaïte du Cachemire.

Même si le Hatha Yoga et le Reiki ne sont pas à proprement parler enseignées comme deux disciplines tantriques, on trouve indiscutablement en elles des éléments qui attestent cette filiation directe.

A suivre . . .
Ouvrages de référence :
. "Tantra", Daniel Odier, Press Pocket, 1996 [récit initiatique, l'ouvrage se lit comme un roman et constitue, à mon avis, la présentation la plus accessible du tantrisme shivaïte du Cachemire]
. "Tantra Yoga", Daniel Odier, Albin Michel, 2004 [il s'agit d'un commentaire du Vijnânabhaïrava tantra, riche mais ardu]
. "L'Inde classique", Manuel des études indiennes, par L. Renou et J. Filliozat, ed. A. Maisonneuve, 1985. [Il s'agit d'un ouvrage universitaire, au demeurant passionnant]
Mon mail personnel pour d'éventuels commentaires : christianledain@wanadoo.fr

SOPHROLOGIE - TEMOIGNAGE

Une jeune femme m'avait fait part de ses échecs répétés à l'épreuve du permis de conduire : trois tentatives infructueuses, cela fait beaucoup! Et elle m'annonçait qu'elle renoncerait définitivement si elle échouait encore. J'ai toujours aimé aider les personnes qui connaissent des difficultés, à la condition qu'elles veuillent vraiment s'en sortir.
Quelle que soit la méthode employée (yoga, sophrologie ou reiki), on retrouve la même exigence : la personne doit faire preuve d'ouverture d'esprit et de détermination. L'ouverture d'esprit, c'est accepter d'entendre que ce qui nous paraît ahurissant puisse néanmoins exister; la détermination, c'est l'application renouvelée malgré l'épreuve. Sans cela, on ne ferait que verser des seaux d'eau dans le désert. En vain!
Je lui enseignais donc une méthode couramment enseignée en sophrologie et parfaitement adaptée à sa situation. Elle permet de se projeter avec succès dans l'avenir. Quinze jours plus tard, je la revoyais radieuse au cours de yoga. Tout avait bien marché. Je lui demandais d'écrire son histoire afin que son témoignage puisse aider d'autres personnes, les inciter à garder espoir.
Son récit, que je vous livre ci-dessous, constitue à lui seul un enseignement.


TEMOIGNAGE :

-" Auriez-vous un conseil à me donner ? "
C’est la question que j’ai posée à mon professeur de yoga une semaine avant ma quatrième présentation au permis de conduire.
Pour se rendre compte de l’influence de la réponse qu’il m’a donnée, il me semble important de décrire brièvement le contexte.
Il m’a fallu 7 ans pour avoir mon permis de conduire : quatre auto-écoles différentes, deux passages à l’examen du code, quatre passages à l’examen de conduite, un véritable budget et surtout un vrai parcours intérieur. Sentiment d’échec, renoncement, résignation, larmes, manque de confiance en moi, remise en question se sont succédés et m’ont accompagné avec plus ou moins d’intensité pendant ces 7 années. Plus le temps passait, plus ce permis de conduire prenait de l’importance, était nécessaire, indispensable, pas pour le côté pratique, juste pour moi.
Ca y est, j’avais une date, je le passais pour la quatrième fois la semaine prochaine. Comment allais-je l’aborder cette fois-ci ?
Cela faisait 2 mois que j’étais inscrite au yoga. Je découvrais, je tâtonnais encore avec la pratique. Les cours me faisaient du bien, m’obligeaient à me poser, à respirer. Mon problème étant le stress de l’examen et non la conduite en elle-même, j’avais besoin de trouver ce qui m’aiderait à gérer mon émotion, mon manque de confiance, mon stress.
Peut-être que le yoga pourrait m’aider ? A la fin du cours, je me suis lancée et j’ai demandé conseil au professeur. Je m’attendais à une réponse portant sur les techniques de respiration à pratiquer avant et pendant l’examen.
A ma grande surprise, il m’a proposé de visualiser l’examen de façon positive. Comme un grand sportif avant un match. J’ai été étonnée de sa réponse, mais pourquoi pas !
Dans les premiers temps je ne l’ai pas bien vécu. C’était désagréable, comme une dose de stress que je m’obligeais à vivre avant l’examen. Et puis, je m’y suis tenue, je me suis obligée à décomposer les différentes étapes : l’arrivée sur le centre d’examen, la rencontre avec l’examinateur, l’installation dans la voiture, la conduite... Je me suis même permis de ressentir et d’imaginer la réussite à l’examen ! Je me suis imposée cet exercice tous les jours, en évacuant à chaque fois un peu plus le stress et les émotions. Je l’ai vécue comme une dose de sensations désagréables dont je me déchargeais un peu plus tous les jours au lieu de me présenter avec le jour de l’examen.
Et ça a marché ! Cette technique m’a vraiment servie. Je me suis permis de me faire confiance. Je me suis autorisée à l’avoir,ce permis…
Aujourd’hui, je conduis sans appréhension et avec plaisir.
Cette " visualisation positive " fait aujourd’hui partie de moi et je sais que je la réutiliserai…

YOGA - JANUSHIRSASANA

Les postures de Yoga portent des noms en sanskrit, la langue sacrée de l’Inde. Utiliser le nom originel permet non seulement de ne pas faire de contresens dans l’interprétation de la posture, mais donne encore un charme indiscutable à votre conversation !

Les noms donnés aux postures sont d’origine très diverse : nom d’une personne (Matsyendrasana, en hommage au Rishi Matsyendra), d’un animal (Bhujangâsana, le cobra), d’un objet ( Halasana, la charrue), d’un élément naturel (Vrikshasana, l’arbre)... Ce nom n’a pourtant rien d’arbitraire et renvoie à la signification profonde de la posture que le Yogi, qui cultive la sagesse, doit découvrir.
Pour que vous n’ayez pas trop mal à la tête dès ce début de semaine, j’ai choisi de vous présenter Janushirsasana, à tort appelé parfois " pince debout ". Janushirsâsana accole deux noms : Sirsa (la tête) et Janu (les genoux). L’étymologie nous laisse ainsi entrevoir que la posture est réalisée lorsque le front est rapproché des genoux, voire posé sur eux. Mais ce nom importe bien plus par ce qu’il tait que par ce qu’il exprime. Le mot sanskrit Janushirsâsana nous enseigne ainsi, en creux, que le chemin qui mène à la posture est plus important que le résultat final apparent. Le Yoga est une voie de développement, un chemin que l’on emprunte, pas un Grand Prix de formule 1. Sinon gare à la casse !

Ce cheminement, le voici. La posture se prépare en position debout, les deux pieds joints, les bras ballants.
La première étape constitue une véritable relaxation dynamique. On laisse le tronc descendre tout doucement, en prenant bien conscience de la détente progressive de toutes les parties du corps. Ainsi, à mesure que le buste fléchit vers l’avant, on sent le menton tomber doucement et se rapprocher du cou. C’est alors l’occasion de ressentir la décontraction de la région cervicale. Et puis, à mesure que la flexion se propage en descendant vers le bas du dos, on sent les bras relâchés pendre agréablement devant soi, tandis que les épaules s’abaissent. La flexion se propage lentement le long de la colonne vertébrale et toute la partie supérieure du corps pend confortablement. La pesanteur aide ainsi à libérer les tensions emmagasinées. Cette descente s’effectue dans un esprit de complet lâcher-prise, en ne recherchant rien d’autre que le bien-être de la détente. A un moment donné, votre corps s’arrête, de lui-même. Respectez cette frontière qui constitue votre limite protectrice et renoncez à vouloir descendre plus avant, pas même d’un millimètre. Sans cela vous créeriez instantanément en vous un conflit qui ferait voler en éclat toute union ( yoga en sanskrit). A quoi bon, d’ailleurs, descendre plus bas, il n’y a rien à ramasser au sol !

Une autre phase du travail commence alors.
Pliez les genoux légèrement pour permettre à votre abdomen de se coller à vos cuisses. Vous installez ainsi la bascule de votre bassin, sans laquelle il n’y aurait pas de posture. Le chakra correspondant se trouve sollicité et vous percevez que tout votre dos est étiré. Ce travail, faut-il le rappeler, s’effectue avec douceur, progression et fermeté. Prenez le temps de sentir cet étirement depuis la pointe du coccyx jusqu’à la région cervicale. Comme la corde d’un violon que fait vibrer l’archet, que cette corde soit tendue - pour qu’un son puisse s’élever - sans qu'elle le soit trop - afin de ne pas casser. Laissez, finalement, votre front se rapprocher de vos genoux . Ainsi, cette proximité du front et des genoux, que révèle le nom Janushirsasana, ne constitue que la phase ultime d’un processus qu’il faut vivre pleinement et dans son ensemble.
Dès lors, cette posture apparaît comme la métaphore de notre vie. Sommes nous donc si pressés d'en arriver au terme ? Voilà bien ce qu’il faudrait méditer.

Certains ouvrages appellent à tort Janushirshasana " la pince debout ". Cette francisation, fort louable, est malheureusement trompeuse : il n’y a ici pas plus de pince que de crabe, et la seule chose que vous pourriez bien obtenir c’est le pincement d’un disque intervertébral, ce qui n’est assurément pas souhaitable ! Si par contre, vous prenez le temps de vivre pleinement chaque étape de cette posture, en renonçant à tout esprit de compétition, d’orgueil, vous soulagerez incontestablement votre dos.

Janushirsasana nous invite ainsi à chercher en nous même l’essence du Yoga. Cette posture fait appel à notre sagesse inhérente, à notre créativité et à notre liberté.

YOGA - MEDITATION SHAMATHA

Patanjali dans les Yoga sutra ( -IVe siècle ?) a présenté les différentes étapes de la pratique du Yoga classique. Ces phases sont au nombre de huit, d'où le nom d'Ashtanga Yoga ("discipline en huit membres") habituellement attribué à la pratique décrite par l'auteur : Yama, Niyama, Asana, Pranayama, Pratyahara, Dharana, Dhyana, Samadhi. La méditation (Dhyana) constitue donc une phase avancée de la pratique du Yoga, celle qui lui confère une incontestable profondeur .
Il existe différentes formes de méditation. Celle que je présente ici porte le nom sankrit de Shamatha . "Shama" désigne "la paix" et "tha" exprime l'action de demeurer. Shamatha constitue donc "la pratique qui permet de demeurer dans la paix", ou encore "la méditation du calme mental".
Il n'est pas nécessaire d'être hindou, bouddhiste ou jaïn pour s'adonner à cette forme de méditation, même si ces différents courants spirituels issus de l'Inde en reconnaissent l'efficacité. Ainsi, les athées, les agnostiques, ou les croyants qui adhèrent au judaïsme, au christiannisme ou à l'islam pourront recourir à cette pratique tout en conservant leurs choix philosophiques et spirituels personnels.

POURQUOI MEDITER

De nombreux troubles émotionnels (tels que des états anxieux, ou dépressifs, ou un excès de nervosité) peuvent être apaisés, voire même dissous, grâce à la pratique soutenue de cette forme de méditation.
Shamatha procure à notre esprit une grande clarté et une grande stabilité. Nous ne sommes plus autant le jouet des émotions perturbatrices qui ballotent notre esprit. Nous ne sommes plus débordés par le stress de la vie quotidienne. Nous parvenons plus facilement à mener à terme nos projets. Finalement, nous devenons plus libres et plus heureux.

LE PRINCIPE

Le principe de cette méditation consiste à laisser l’esprit demeurer dans son état naturel de détente, sans être distrait.
" L’état naturel de détente de l’esprit " est une réalité, même si nous avons du mal à le concevoir, tellement ce que nous expérimentons au quotidien - l'agitation et la nervosité - en est éloigné. Nous sommes semblable à une personne qui n'aurait jamais connu qu’un ciel pesant et lourd au dessus de sa tête : elle aurait bien du mal à imaginer qu’un ciel bleu et pur existe par delà l’épaisse couche de nuages. Pourtant, telle est la réalité. Acceptons donc l'hypothèse qu'il puisse en être ainsi pour notre esprit et notre expérience nous en apportera bientôt la preuve.

L'esprit doit aussi veiller à n'être pas distrait. Or, les sources de distraction sont multiples. Ce sont tout d’abord les sollicitations sensorielles : le bruit de la perceuse dans l'immeuble en face, ou encore l'odeur du ragoût qui se prépare . . . Ce sont autant de perceptions qui vont rendre notre concentration plus difficile. Voilà pourquoi on aura intérêt à s'isoler .
L’autre source de distraction est interne: ce sont les " pensées discursives ", le discours mental que notre esprit se tient de façon interrompue, 24heures sur 24 , et cela depuis tellement d'années ! N’en soyez pas trop affecté, c’est un phénomène normal qui va se dissiper progressivement. L'essentiel est de prendre conscience de ces pensées lorsqu'elles émergent et de ne pas les suivre, même si elles se présentent sous des abords séduisants .

COMMENT PROCEDER CONCRETEMENT

Installez vous dans un endroit calme, où vous n’allez pas être dérangé. Nul besoin de disposer d'une grotte ! Sur un coussin, ou sur une chaise, redressez votre dos. Placez vos mains sur vos genoux, naturellement.
Prenez quelques instants pour permettre à vos tensions physiques de se relâcher en parcourant les différentes parties de votre corps (20 secondes environ).
Puis, laissez votre respiration se dérouler naturellement . Respirez confortablement, sans effort. Renoncez même à tout désir de maîtriser votre souffle pour lâcher-prise dans votre respiration. Sentez votre respiration, simplement, mais pleinement.

Pour vous aider, comptez mentalement " un " lors de la première inspiration, " deux " lors de suivante ... Bien sûr, compter c'est encore entretenir une pensée, mais c'est une pensée pauvre, peu intéressante, une sorte de petit os que vous donnez à ronger à votre esprit, afin qu'il accepte progressivement de se décontaminer. Et chaque fois qu'une pensée discursive parviendra à se frayer un chemin, à faire intrusion, vous "remettrez le compteur à zéro" pour recommencer. Progressivement votre esprit, semblable à un cheval fougueux, acceptera de se calmer.
Attention, ce n’est pas un championnat, une compétition avec vous même! Ce qui importe, c’est de pratiquer, même si vous ne décollez pas du chiffre "un" ! Et si au bout de dix minutes votre esprit demeure agité, en étant honnête avec vous même, vous percevrez qu'il est bien plus paisible qu’au début de votre pratique. Cette prise de conscience vous encouragera à perséverer les jours suivants.

Pratiquez par courtes sessions (10 minutes, pas plus au tout début). Ces dix minutes, vous les trouverez toujours dans votre journée, même si vous avez un emploi du temps de chef d'Etat. Et ces dix minutes vous permettront de commencer véritablement la pratique. Si votre esprit prend goût à ce "rendez-vous" régulier, bien sûr, vous pourrez alors prolonger votre pratique autant que vous le souhaitez . Mais surtout, pas de " marathon " du genre " Rambo fait de la méditation deux heures par jour "! Vous ne parviendriez qu'à vous dégoûter.

Peut-être qu’une nouvelle phase de votre vie s’ouvrira ainsi pour vous - comme ce le fut pour moi. Je vous le souhaite de tout cœur.

KAPALASANA - LA POSTURE SUR LA TÊTE

La posture sur la tête (Kapalasana, en sanskrit) nous fait parfois rêver en raison de son coté un peu acrobatique. Il est vrai : la tête en bas, les pieds en l’air, voilà qui n’est pas commun !


 Quand j’ai découvert le Yoga, alors que j’étais étudiant, cette posture me fascinait presque. Je savais instinctivement que cette posture ouvrait la porte à tout un monde de possibles. Cependant, malgré mes efforts répétés lors des cours en salle, il m’était impossible de réaliser cette posture. Il me fallait donc trouver une méthode, quelque chose de fiable et d'assuré qui me permette de progresser à mon rythme.

Cette méthode, la voici; je voudrais la partager avec vous.  

1 Lever les obstacles mentaux

De façon générale, Kapalasana est très largement accessible aux personnes qui suivent régulièrement notre cours de Yoga. Le poids, quelques kilos de trop, ne constituent pas, en réalité, un obstacle insurmontable. Pas plus d’ailleurs qu’une musculature un peu lâche. Mais très souvent, je vois des personnes caler devant l’obstacle en raison d’un blocage mental, alors qu'elles disposent des capacités physiques requises. Notre esprit, très puissant, parvient à dresser des barrières insurmontables fondées sur la peur. 

Cette peur, il nous faut la reconnaitre pour pouvoir la dépasser. Il y a tout d'abord la peur du danger : « Ma tête ne va-t-elle pas exploser si elle reste en bas ? Et si je perds l’équilibre, ne vais-je pas me rompre le cou en chutant ? » Peur du ridicule ensuite : « Pour qui vais-je passer si je n’arrive pas à soulever mon bassin? Ne vais-je pas me donner en spectacle si je perds l'équilibre ? » Quand de tels doutes se frayent un chemin dans notre esprit, on se donne alors une fausse bonne raison pour ne pas se lancer vraiment : « Ces acrobaties, ce n'est plus de mon age. C’est juste bon pour les enfants ! »

Comment lever ces obstacles, ces Himmalayas que l'on se construit intérieurement ? Tout d'abord, il faut se faire confiance : tout s'apprend et l'on n'est pas plus maladroit qu'un autre. Faire confiance aussi aux autres personnes qui nous entourent : elles sont là pour prendre soin d'elles-mêmes tout comme nous, avec un esprit ouvert et bienveillant. Avoir confiance dans le professeur qui aidera, encouragera, soutiendra vos efforts parce qu'il a lui-même été confronté aux mêmes difficultés et les a dépassées. Et puis, faire confiance à la méthode qui a permis à des milliers d'apprentis Yogis, bien avant vous, de prendre plaisir à mettre en oeuvre cette posture.

Voici donc quelques recommandations qui pourront vous être utiles. Si vous craignez un peu le ridicule, isolez-vous et entrainez-vous un peu à l'abri des regards. La plupart du temps , une ou deux tentatives suffiront pour lever les obstacles et obtenir un succès certain. C'est ce que j'ai fait moi-même : ayant appris en cours la méthode que je vais vous expliquer, je me suis installé dans ma chambre, un soir, et tout s'est alors très bien passé.

Il peut être utile de configurer un peu le lieu de pratique : déposer des coussins au sol, au cas ou l'on perdrait un peu l'équilibre; dégager un peu le périmètre autour de soi, afin de ne pas emporter le lampadaire par inadvertance; ou encore se placer devant un mur pour être sûr que le dos reste bien droit et que l'on garde l'équilibre.... Aménagez l'espace pour vous sentir vraiment bien et générer les conditions de la confiance. 

Peut-être aussi préparez un peu votre corps physique en accomplissant quelques salutations au soleil, afin de ne pas vous sentir rouillé. Et si vous sentez que faire des prosternations devant la photo de votre grand-mère est de nature à vous aider, ne vous en privez pas ! Accordez vous tout ce dont vous sentez avoir besoin.

Enfin, dernier conseil, ne soyez pas trop dur avec vous : vous allez progresser, c'est certain, mais cela se fera à votre rythme, à une vitesse que vous ne connaissez pas et que vous ne pouvez qu'accepter. Donc, ne vous rouspétez pas de ne pas avancer suffisamment rapidement : Rome ne s'est pas faite en un jour ! 

Ces principes fermement posés, procédez maintenant comme il suit.

 

2 Une méthode sécurisée

Il existe une procédure parfaitement fiable et sécurisée qui va vous permettre d' adopter Kapalasana.  Si l'innovation est dans certains domaines recommandée, je vous conseille ici de renoncer à toute forme d'improvisation pour suivre la voie classique du succès.

Pour paraphraser Platon, il faudrait que chaque apprenti Yogi se convainque : "Que nul n'entreprenne Kapalasana s'il n'est géomètre !" En effet, le souci de l'exactitude dans le positionnement des mains et de la tête constitue la clef de Kapalasana. Elle ne souffre aucune approximation, sinon c'est la chute !

 

. La constitution du triangle d’appui

Tout d'abord, il faut s’asseoir sur les talons et poser les avant-bras au sol, une dizaine de centimètres devant soi en insérant les mains dans le pli des coudes. Puis, il faut déplier les avant-bras de façon que les extrémités des doigts des deux mains se touchent. On constate alors de visu que nos avant-bras et nos mains forment les deux cotés d’un triangle équilatéral (ABC).


Ensuite, on place la tête au sommet de ce triangle (point A). Plus précisément, on veille à ce que la région posée au sol soit le haut du front (à la naissance des cheveux). A la base du triangle (points B et C), on dispose le centre des paumes.

Si les coudes partent vers l’extérieur, on les ramènera vers soi, en faisant un peu pivoter les poignets. 

Vous disposez alors d’un solide trépied qui va vous permettre de prendre un appui ferme et de poursuivre la posture sans difficulté. 

L’expérience révèle que, dans la moitié des cas, les personnes qui ne parviennent pas à prendre Kapalasana ne placent pas leurs mains et leur tête aux bons endroits. Cinq centimètres de trop à droite, autant à gauche, et les proportions justes ne sont plus respectées ! Il vous arrive alors ce qui survient à toute construction bancale : sans fondations fermes, les murs et le toit s'effondrent immanquablement! 

Si votre première tentative n'a pas été couronnée de succès, ne perdez pas courage, apprenez de vous-même, recommencez, en vérifiant bien vos placements initiaux. 

 

. Placer le bassin au-dessus de la tête

Toujours en étant assis sur vos talons, vos orteils accrochent le sol et vous soulevez le bassin. Ceci vous amène mécaniquement à tendre les jambes. Vous avancez alors le pied droit de 10 cm, puis le pied gauche, et recommencez ainsi de suite.... Vous constatez alors que votre dos se redresse lentement et que vos genoux se rapprochent de vos coudes.


 Si vous redoutez une chute, vous pouvez vous placer dix centimètres devant un mur.


Vous pouvez alors poser tranquillement un genou sur un coude, puis l’autre genou sur l’autre coude. 

"Plus facile à dire qu'à faire" me direz-vous. Il vous faudra parfois un peu de patience et de persévérance à ce stade.


Vous êtes alors en équilibre et vous disposez d'un appui ferme sur les mains et sur la tête (votre trépied). Ce stade doit être consolidé et il ne faut surtout pas chercher à déplier précipitamment les jambes. De nombreux bienfaits de la posture inversés sont déjà obtenus à ce stade élémentaire, bienfaits qui seront amplement détaillés dans un autre article. Il est donc nécessaire d'apprivoiser cette phase,  de s'y sentir bien. Ce n'est que lorsque l'on aura une conscience bien claire, une expérience véritable des effets positifs de cette phase élémentaire qu'il sera utile d'aller plus avant et d'aborder la phase finale de la posture.

Beaucoup de débutants sont trop pressés, ne pensent qu'à agir sans rien sentir, sans rien vivre de profond. Ils ressemblent à ces alpinistes inconscients qui montent vers des sommets au péril de leur vie, uniquement par orgueil. Ceux qui prennent Kapalasana à la hussarde, déplient les jambes, sans réelle stabilité physique et mentale, redescendent précipitamment, dans un atterrissage qui ressemble plus à un crash, et se sentent finalement mal, se promettant de ne plus jamais reprendre cette posture !  

 

. le déploiement des jambes

Lorsque l'on se sent bien physiquement et mentalement, qu'on apprécie véritablement la phase précédente avec les genoux fléchis, il est tout à fait possible de déplier les jambes.


Conclusion

Vous disposez maintenant d'une méthode fiable et validée par une lignée ininterrompue de Yogis qui se sont succédés au fil des siècles.

Pour nous, Occidentaux, qui menons une vie mouvementée, garder la posture 1 à 2 minutes constituera une excellente pratique journalière. 

Les bienfaits de Kapalasana sont si nombreux et puissants, notamment pour lutter contre les méfaits de la sédentarité, qu'ils nécessitent un article spécial.  En parler ici, aurait donné une tournure indigeste à cet article, et je ne voudrais pas vous détourner de quelque façon que ce soit des merveilleux bienfaits du Yoga !

Christian LEDAIN

Professeur de la Fédération Française de Hatha Yoga