Trataka

Trataka
Trataka fait partie des Sat karman exposées  dans le Hatha Yoga Pradipika, c’est-à-dire des six actions préalables à la pratique du Pranayama. Ces actions constituent « des moyens de purifier le réceptacle physique » (HYP, II, 23).
Cette pratique est décrite avec une extrême concision et une grande sobriété: « Fixer le regard immobile,  l’esprit calme et concentré, sur un objet très menu, jusqu’à ce que les larmes jaillissent. Ceci est appelé trataka par les âchâryas.» (HYP, II, 31)
« Guérissant les maladies oculaires, dispersant la somnolence, trataka doit être gardé secret à tout prix, comme on ferait d’un coffret plein d’or.» (HYP, II, 32)
En réalité, les Yogis ne sont pas animés par l’égoïsme et l’avidité, mais cherchent à se libérer de la souffrance et à aider les autres êtres. Dans la mesure où cette pratique est très puissante, il s’agit plutôt de mettre ici en garde des pratiquants impétueux contre une expérimentation débridée.
Le regard doit être placé, maintenu et quasiment rivé sur un point minuscule. La pointe de la flamme d’une bougie placée un mètre devant soi était autrefois une recommandation bien souvent donnée. Mais vous n’avez peut-être pas la chance de vivre dans une grotte ou bien une hutte, et dans ce cas, la pointe d’un stylo Bic fera très bien l’affaire, à moins que vous ne préfériez fixer votre regard sur une poussière collée au mur ! Mais si tout est désespérément propre chez vous, vous pourrez tendre le bras droit, l’index vertical et fixer la partie supérieure de l’ongle. Le risque de distraction est cependant important dans ce cas. Aussi peut-il être utile d’accroître sa concentration en fixant un point dans l’espace une cinquantaine de centimètres devant soi.  
Quand le regard est ainsi placé, on est sensible à ce qui se passe à l’arrière des yeux, au niveau des muscles oculaires.
Il est préférable que le regard soit gardé à l’horizontale, voire légèrement incliné vers le bas. Mais on veillera à ne pas piquer du nez.
Le regard est fixe, mais l’esprit est calme, détendu ; il ne s’attache ni à ce qui est vu, ni au fait même de voir.
Aucune indication temporelle n’est donnée : la pratique est accomplie jusqu’à ce que les larmes viennent aux yeux. Alors, on clôt les paupières. Bien sûr, il peut être utile de s’aider et de se donner une durée d'une minute à titre de repère . Mais, la limite à ne pas dépasser, c’est l’apparition des larmes.
On veille à ne pas ciller des paupières, ni à cligner des yeux. Toutefois, le moins possible. Cet accommodement avec la pratique est nécessaire et il est essentiel de développer constamment cette tournure d’esprit bienveillante à l’égard de soi-même.
On s’applique à garder le corps droit et immobile, mais non pour se rigidifier telle une statue. Il s’agit plutôt de se donner la permission d’expérimenter la stabilité reposée du corps afin d’observer ce qui se passe alors en notre esprit et de lui permettre de se poser progressivement.