La pratique du Yoga permet de
prendre soin de soi, de préserver, ou de restaurer un excellent état de santé
par la maîtrise de l’esprit et de l’énergie. Pour y parvenir,
il est nécessaire de susciter et d’affermir
une attitude bienveillante vis-à-vis de soi, ce qui n’est pas facile pour tout
le monde.
Notre corps humain est
extrêmement précieux : il nous permet de nous déplacer et d’accomplir des
actions excellentes. Mais il est aussi fragile, aimant peu les objets durs
contre lesquels il se blesse et certains organismes microscopiques, dont la
prolifération, parvient à le clouer au lit avec une forte fièvre.
De son coté, notre esprit représente
le jardin le plus merveilleux qui soit : nous pouvons y faire germer
l’amour, la fraternité, le pardon, l’enthousiasme. De telles pensées, de telles
dispositions, dépendent directement du tour que nous donnons quotidiennement à
notre esprit.
Il est donc nécessaire de veiller
sur notre corps et sur notre esprit afin que notre vie soit épanouie,
véritablement utile et source d’un bonheur authentique.
Le Yoga nous enseigne précisément
comment maitriser ce corps et cet esprit. Ces pratiques relèvent du Pranayama, la maitrise du souffle subtil et de la respiration.
De tels exercices ne sauraient,
sans préjudice, être mis en œuvre directement par un esprit agité. Ils
nécessitent une régulation mentale préalable, un petit détour par soi-même pour se centrer, se trouver et renoncer à
l’attrait des objets extérieurs. Mais rassurez-vous, ce retrait en vous-même ne
vous prendra que quelques instants.
1 Harmonisation préalable
Vous êtes installé en posture méditative, le dos aussi droit
que possible.
Prenez d’abord le temps de
percevoir votre respiration naturelle, spontanée : sentez ce qui bouge dans votre corps lorsque vous respirez. Percevez-vous
une légère ondulation de votre abdomen, ou bien l’expansion mesurée de votre
cage thoracique, ou encore un petit soulèvement de vos épaules ? Sentez. Tout
cela est sans doute ténu, difficile à percevoir, mais prenez en le temps. Peut-être
est-ce une combinaison discrète de la respiration haute et de l’ouverture du
thorax. Sentez cette respiration toute personnelle, qui vous accompagne jour
après jour, silencieusement. Notre façon de respirer est étroitement reliée aux
expériences mentales que l’on fait et aux difficultés que
nous expérimentons. C’est donc une découverte intime de première importante que
vous faites actuellement. Sentez aussi la quantité d’air qui entre. Percevez le
rythme de votre respiration. Différenciez la température de l’air que vous
inhalez et celle de l’air que vous expirez.
Maintenant que vous connaissez
mieux de l’intérieur cette respiration, prenez le temps de la savourer, de l’apprécier véritablement, tout comme on est surpris un soir de
printemps par le parfum des lilas en fleurs dans une rue qui nous est pourtant
familière. Goutez un instant, cet air qui entre par vos narines ; prenez
un moment le temps d’être véritablement au monde et de cesser d’être affairé. Cessez
de courir dans tous les sens comme un canard sans tête. Pensez qu’à chaque
inspiration vous prenez non seulement de l’oxygène, mais aussi de l’énergie
vitale, du Prana, dont tout votre être a besoin. Développez une perception pure : reliez-vous à ce qu’il y a de meilleur,
percevez le monde à travers des verres dorés et non avec des lunettes noires. Par
la même occasion, vous développez le contentement, la capacité à se réjouir de
ce qui est, plutôt qu’à s’épuiser dans le désir de ce qui n’est pas. Réjouissez-vous
d’être encore en vie cette journée.
Maintenant, régulez votre respiration. Placez la respiration en trois parties
avec maintien de la sangle abdominale. Non parce qu’il le faudrait, pour obéir
à une injonction, mais simplement parce
qu’elle vous fait du bien. Et vous le ressentez pleinement en cet instant. Il n’y
a pas vraiment de raison de ne pas prendre soin de vous.
Vous venez, par le détour de quelques
phrases, de quitter une forme de trépidation pour entrer dans une forme de réceptivité particulière.
Vous pouvez maintenant avec profit mettre en œuvre une technique de soin spécifique
que les Yogis ont développé.
2 Technique de soin
Voici une pratique puissante de Pranayama qui va vous permettre
d’activer le processus d’auto guérison : l’action conjointe de l’énergie et de l’esprit maitrisés va vous
permettre de vous soigner.
Visualisez à l’inspiration un air de couleur blanche, extrêmement
pur, qui entre par vos narines, circule dans vos fosses nasales, passe dans l’arrière-gorge,
puis remplit vos poumons. De là, à partir du centre de votre cœur (Anahata chakra), visualisez cette
énergie qui se diffuse à l’expiration dans tous les canaux de votre corps
énergétique. Ces canaux sont semblables aux rigoles d’une immense rizière, ils
irriguent tout votre corps, apportent l’énergie vitale à toutes vos cellules.
Vous voyez et vous ressentez que cette énergie circule avec aisance, comme un
petit cours d’eau, et que nul obstacle ne vient contrarier son cheminement. C’est cela le point essentiel : ressentez intérieurement, en imagination,
que cette énergie apporte la vie partout sur son passage, tout comme le Gange
fertilise la plaine du Nord de l’Inde et permet à des centaines de millions
d’êtres humains de vivre. Si vous le vivez réellement en générant une émotion
véritable, il va alors se passer une modification sur le plan matériel, physiologique,
concret. Ayez la force de dépasser votre scepticisme. Qu’est-ce qu’il vous
apporte ? La satisfaction d’être morne, faux rationaliste et véritable ignorant ?
Vous risquez seulement de devenir plus heureux, plus puissant, plus joyeux et
véritablement utile aux autres et à vous-même.
Il est possible que vous fassiez actuellement
l’expérience d’une certaine souffrance dans votre corps ou dans votre esprit. Voyons
comment utiliser pleinement l’énergie pour vous soigner.
. traiter une souffrance physique
Si une maladie, un trouble, a
commencé à faire son apparition dans votre corps, orientez l’énergie de façon
privilégiée vers cette partie qui est en souffrance. Comme les Yogis nous
l’apprennent, l’énergie vitale est maitrisée par l’esprit et va où l’esprit
l’envoie.
Vous visualisez donc le
cheminement du Prana que vous aviez préalablement emmagasiné au niveau du
chakra du coeur et vous l’envoyez instantanément par la pensée vers la partie
de votre corps qui en a particulièrement besoin.
Maintenant, visualisez et sentez que
cette énergie est à l’œuvre, qu’elle vous soigne, qu’elle répare vos cellules. Vous vous
représentez ce processus de la façon qui vous parle le plus, qui vous touche le plus. Par exemple, si vous souffrez de diabète, représentez-vous
votre pancréas qui produit de l’insuline en quantité suffisante. Bien sûr, les
médicaments apportent un secours précieux, mais sans la pleine mobilisation de
l’esprit et de l’énergie ils seraient moins opérants. Au lieu d’être centré
sur la maladie, reliez-vous à votre puissance vitale, au pouvoir de guérison
qui est en vous, représentez-vous la comme fonctionnant de façon harmonieuse. Nous
avons déjà évoqué dans un article le cas de ce Yogi, dont la gangrène avait
détruit pour partie le pied et que les médecins occidentaux enjoignaient de se
faire amputer avant de perdre complètement la jambe : il a guéri par le
pouvoir de la méditation et son pied a repoussé, ce que la médecine occidentale
n’a pu que constater sans se l’expliquer (cf. La méditation m’a sauvé, Phakyab Rinpoché). De telles réalisations
nous sont, pour le moment, hors d'atteinte, mais le Yoga nous offre
des possibilités de traitement plus accessibles à nos capacités de guérison
ordinaires.
Il m’est ainsi arrivé, adolescent,
de me faire un claquage musculaire à la cuisse en me lançant dans une course, sans m’être préalablement
échauffé: j’ai entendu un « crac » et ma jambe est subitement devenue
roide de douleur. Par chance, le muscle n’était que partiellement déchiré
dans sa largeur. Rentré chez moi, je me
suis allongé et me suis soigné uniquement par la pensée et l’énergie : je
me voyais en train de ravauder ce muscle, tout comme un pêcheur reprise ses
filets déchirés par endroits. J’étais concentré, j’avais une confiance totale
en ce que je faisais et je cultivais inlassablement la sensation de guérison : très rapidement je sentais ma jambe me cuire sous l’effet
de l’énergie. En une dizaine de jours j’ai retrouvé l’usage normal de ma jambe.
Dans un premier temps, il vous
sera plus facile de vous entrainer sans mettre en œuvre de respiration
particulière. Vous effectuerez ainsi le soin avec l’énergie vitale que vous aurez
préalablement accumulé. Mais quand vous serez familiarisé(e) avec le travail intérieur,
vous pourrez placer la respiration avec Kumbhaka :
2 temps sur l’inspiration - 8 temps de rétention poumons pleins - 4 temps pour expirer. Vous pourrez penser que
vous prenez le Prana pendant l’inspiration, que vous concentrez cette énergie
au centre du cœur (Anahatha chakra) pendant la rétention de souffle et que l’énergie
agit durant l’expiration. Cela rendra votre soin plus puissant.
. Traiter un problème mental
Il est aussi possible que vous
fassiez l’expérience de difficultés psychologiques très répandues : stress, nervosité, irritabilité
ou anxiété. Ces difficultés peuvent
s’accompagner de troubles du sommeil, ou de problèmes somatiques divers (estomac
noué, colon irritable, bruxisme…). Ce sont d’ailleurs souvent de tels maux qui
incitent les personnes à se tourner vers le Yoga. Aussi, cette discipline est-elle
tout à fait adaptée pour les soulager.
De telles difficultés
s’accompagnent d’une circulation débridée de l’énergie vitale : elle
circule de façon trop rapide dans la partie haute du corps. On va donc réorienter
ce flux vers le bas. Par conséquent, à partir du centre du cœur, voyez ce courant
se diriger de façon privilégiée vers le bassin et y circuler plus lentement, tel
un fleuve large, puissant et majestueux. Très rapidement, l’esprit qui semblait vibrionner
en tous sens, telle une ruche, devient plus posé, plus stable.
Comme précédemment, quand ce sera
possible on pourra mettre en œuvre la respiration avec Kumbhaka.
. Préserver un excellent état de santé existant
Enfin, si on ne fait l’expérience d’aucun problème de santé particulier,
on peut penser et visualiser que l’énergie vitale se répand de façon égale dans
toutes les parties de notre corps. Un tel soin participera à la conservation de
notre bien être physique et mental.
Conclusion
Comme on le voit, le soin de soi
par le Pranayama fait appel à toutes
les composantes de l’être humain : physique, énergétique et mentale. La
mise en œuvre de cette technique sollicite de nombreuses qualités de l’esprit :
la concentration, l’ouverture, l’imagination, l’enthousiasme, la foi
et la patience.
Plus vous pratiquerez et plus vous renforcerez de telles qualités, qui vous seront utiles pour votre vie quotidienne, mais aussi pour aborder des stades plus avancés du Yoga. Vous deviendrez d’habiles artisans, peaufinant, affinant chaque fois un peu plus votre technique.
Plus vous pratiquerez et plus vous renforcerez de telles qualités, qui vous seront utiles pour votre vie quotidienne, mais aussi pour aborder des stades plus avancés du Yoga. Vous deviendrez d’habiles artisans, peaufinant, affinant chaque fois un peu plus votre technique.
En prenant soin de vous, vous renforcerez aussi votre
maitrise de l’énergie et votre capacité à soigner d’autres personnes à distance
(cf. Notre précédent article).
Christian Ledain Christianledain@wanadoo.fr
bibliographie :
Swami Sivananda, La science du Pranayama, Centre International de Yoga Védanta, page 85
bibliographie :
Swami Sivananda, La science du Pranayama, Centre International de Yoga Védanta, page 85